Mireille Mathieu : 60 ans de carrière en 8 chansons
En février, c’est la première fois que Mireille Mathieu revient au Québec en 35 ans! Pour sa tournée 60 ans d’amour, la célèbre chanteuse française interprétera ses succès souvenirs qui nous ont inspiré quelques questions.
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Une histoire d'amour : vous comparez votre vie à un conte de fées, pourquoi?
Mireille Mathieu : J’ai commencé ma carrière le 21 novembre 1965 au Jeu de la chance, une émission où des chanteurs amateurs performaient en direct et étaient choisis par le public pour revenir la semaine suivante, ç’a été mon cas. Le lendemain, j’étais à la une de tous les journaux dont une titrait Le conte de fée de Mireille Mathieu. Parce que j’arrivais d’Avignon, personne ne me connaissait, et là, je chantais une fois dans la capitale et ma carrière était lancée! C’était merveilleux, comme un conte de fée!
Bravo tu as gagné : c’est Jeu de la chance qui vous a ouvert les portes du show-business. Considérez-vous ce genre d’émissions essentielle à l’égalité des chances ?
M.M. : C’est important, mais différent maintenant. The Voice, c’est surtout un jury qui décide. Et, il y a Internet maintenant, une façon dont on ne disposait pas pour se faire connaître à l’époque. Cependant, il n’y avait pas beaucoup de chaînes de télévision dans ces années-là et celles-ci étaient regardées par des millions de téléspectateurs, ce qui n’est plus possible de nos jours, avec les Netflix et compagnie.
J’ai gardé l’accent : vous chantez dans douze langues. Est-ce important que vos chansons soient comprises par votre public? Quelle langue a représenté le plus grand défi?
M.M. : J'ai fait le tour du monde et le public est très sensible quand on parle quelques mots dans sa langue. Imaginez quand on peut chanter! Évidemment, la majorité de mon tour de chant est en français, mais chanter quelques pièces dans la langue du pays qui m’accueille, ça permet au public de voyager en France, mais aussi de bien comprendre certaines paroles.
Les langues les plus musicales pour moi sont, bien sûr, le français, l’italien, ce n’est pas pour rien que c’est la langue des opéras, mais aussi l’allemand, la langue de Wagner. Le plus grand défi a été le finnois. C'est une langue extrêmement difficile! J'ai travaillé jour et nuit pour pouvoir la chanter. Ma chanson Pardonne-moi ce caprice d'enfant a aussi été interprété par une chanteuse finnoise. Ç’a été extraordinaire, quand je me suis produite en Finlande, de pouvoir moi aussi la chanter dans leur langue.
Une femme amoureuse : vous semblez l’être de votre métier. Comment conserve-t-on la flamme?
M.M. : Quand on a la chance de vivre de sa passion, ce n'est jamais la même chose. Un public, même s’il vous aime, il est toujours à reconquérir. Donc, on change le tour de chant. Mais, une nouvelle chanson, on se demande toujours si le public va l’aimer? Enfin, on se pose plein de questions et c'est ça qui est bien.
Mon crédo : Avez-vous un crédo lié à votre grande carrière?
M.M. : Plutôt une routine. Depuis que je suis dans ce métier, j’ai le trac avant d’entrer sur scène. Donc, 4 h avant, je fais mes vocalises, et juste avant, je fais un signe de la croix. C’est quelque chose qui est important pour moi. On dit que chanter, c'est comme une prière, donc voilà!
Rêvons : À quoi rêvez-vous maintenant?
M.M. : Je suis comme de Coubertin : aller toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus fort, comme dans le sport. Chanter, c'est essayer d'aller toujours plus loin, au bout de ses possibilités, d'être au mieux de sa forme. C’est ce que j’ai fait avec mon album classique. Je l’ai travaillé pendant deux ans, parce qu’il s’agit d’une tout autre façon de chanter, avec la plus grande professeure, Madame Jeannine Rice, qui a travaillé avec Maria Callas et les plus grands. La première fois que je l’ai approchée, elle m’a dit non. J’ai insisté et nous sommes maintenant amies, c’est une femme exceptionnelle!
Jezebel : Vous présentez un album dédié à Piaf. Parlez-nous de l’importance de La Môme pour vous.
M.M. : Quand j'ai commencé au Jeu de la chance, j'interprétais Jezebel. Donc, j'ai gagné avec une de ses chansons. À l’époque, je n'avais pas encore mon propre répertoire, je chantais L'hymne à l’amour ou La vie en rose, j'interprétais beaucoup de ses chansons. Cette année, ça fait 60 ans qu’elle est disparue et je voulais la remercier à ma façon et dire à quel point c’est une femme unique, une des plus grandes chanteuses au monde! Sur cet album double, il y a aussi une chanson que j’ai composée qui s’intitule L’amour en robe noire, le texte est signé Claude Lemesle, c’est un hommage, un bijou qui décrit bien Edith Piaf.
Pardonne-moi ce caprice d'enfant : votre mère vous accompagnait partout. Qu’est-ce que vous auriez aimé qu’elle découvre du Québec?
M.M. : Le public québécois, la neige, le sirop d'érable sur les crêpes, tout ce qui est spécifique au Québec. Mais aussi, la merveilleuse scène de la Place des Arts qui est un écrin pour un artiste. J’y ai chanté pour la première fois grâce à Guy Latraverse, décédé cet automne, j’y suis revenue souvent entre 1969 et en 1982. J’aurai assurément une pensée pour lui et pour sa famille.
Un jour tu reviendras : Mireille Mathieu reviendra sur la scène de la Salle Wilfrid-Pelletier pour une quatrième fois les 17 et 18 février 2024.