Nina Segalowitz
Crédit photo : Thibault Carron
Crédit photo : Thibault Carron
Mélissa Pelletier - 29 octobre 2024

Micro ouvert autochtone : Nina Segalowitz fait rayonner les cultures autochtones 

Un grand sourire se devine dans la voix de la commissaire Nina Segalowitz, au bout du fil, alors qu’elle confie sa hâte de braquer les projecteurs sur des cultures autochtones à l’occasion du quatrième Micro ouvert autochtone, les 9 et 10 novembre, à l’Espace culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place des Arts. 

  

L’événement festif pour toute la famille, qui propose gratuitement de multiples activités et prestations est devenu un incontournable pour découvrir diverses facettes des cultures autochtones : musique, artisanat, danse, poésie, conte et gastronomie.  

  

Un intéressant terrain de jeu pour la commissaire Nina Segalowitz, qui se fait un point d’honneur de favoriser une meilleure compréhension entre Autochtones et allochtones depuis le début de sa carrière. « J’essaie d’être un pont! » précise l’artiste et consultante culturelle inuite. 

  

Un bagage culturel précieux  

  

Nina Segalowitz, née en 1973, n’avait même pas un an lorsqu’elle a été enlevée à ses parents biologiques dans les Territoires du Nord-Ouest en pleine « rafle des années 60 ». Elle n’a jamais pu revoir celle qui l’a mise au monde. 

  

Élevée par une famille montréalaise, elle a grandi entourée de cultures variées. « Ma mère adoptive vient des Philippines et mon père adoptif est de descendance juive, raconte-t-elle. J’étais dans une maison très interculturelle et très musicale. Mon père jouait du piano. Quand je n’avais que trois ans, mes parents m’ont initiée au violoncelle. J’ai suivi des cours jusqu’à mes 17 ans. » 

  

Un important apprentissage qui lui a permis de s’exprimer dans sa trajectoire, qui a malheureusement été teintée de racisme. « Quand je jouais de la musique avec les autres enfants… ils ne me voyaient pas comme une Inuite. Ils me recevaient comme une musicienne », ajoute-t-elle. 

  

Les questions sur son identité, omniprésentes, ont un jour pu trouver quelques réponses. « J’ai rencontré ma première membre de la communauté autochtone, ici à Montréal, lorsque j’avais 18 ans. Ce n’était pas facile parce que je vivais beaucoup de racisme, et je me demandais “Et si ma communauté ne m’accepte pas, qu’est-ce que je vais être?” » raconte-t-elle.  

  

Cette rencontre a été déterminante. « J’ai commencé à apprendre notre histoire. Les façons d’être, les cérémonies, se remémore-t-elle. Il y a 25 ans, j’ai commencé le chant de gorge inuit pour faire un lien avec le côté de ma mère biologique. Il y a 10 ans, j’ai commencé le tambour à main pour faire un lien avec mon père biologique. J’ai vu que la musique aide les personnes à se rapprocher », raconte celle qui s’illustre toujours aujourd’hui comme chanteuse de gorge ainsi qu’au tambour à main et au violoncelle. 

  

L’importance de l’échange 

  

Passionnée par l’idée du partage, Nina Segalowitz a accepté avec plaisir de reprendre le rôle de commissaire de Micro ouvert autochtone pour une deuxième année. « L’art ou la musique permettent de s’exprimer, de transmettre des émotions. Ça permet aux personnes de les recevoir en douceur », souligne Nina Segalowitz par rapport à l’événement, qui a attiré plus de 3500 personnes lors de sa dernière édition. 

  

Une belle occasion de créer des liens, selon Nina Segalowitz. « Autant par la musique traditionnelle – les chants de gorge, les tambours – que la musique contemporaine, ajoute-t-elle. On montre au public que nous sommes ici, en 2024. On devient doucement une partie de la société, de la communauté et de la conscience. » 

  

Pour la présentation de 2024, Nina Segalowitz tenait justement à mettre de l’avant le lien entre les aînés et les plus jeunes. « C’est très important! Dans nos communautés, les aînés ne sont pas mis de côté. Traditionnellement, ce sont nos encyclopédies! Les aînés sont très respectés, et les jeunes sont notre avenir. À travers des œuvres contemporaines, on pourra aussi voir comment les jeunes Autochtones voient le monde », explique-t-elle.  

  

Grâce à Micro ouvert autochtone, la commissaire veut surtout donner la chance aux communautés autochtones de se produire dans un environnement bienveillant. « Ces artistes sont uniques, spéciaux, et ils ont quelque chose à dire au monde. C’est là que vous pouvez nous voir rayonner, exceller et nous tenir debout avec fierté. J’invite d’ailleurs le public à venir nous voir après, à nous poser des questions. On est là pour échanger! » 

  

Aura-t-on le bonheur de la voir interpréter une pièce ou une chanson durant ce week-end rassembleur? « J’ai toujours mon tambour à côté de moi. Ça se peut que je chante une chanson… On verra! Je préfère souvent laisser la lumière sur les autres artistes », confie Nina Segalowitz.  

  

À suivre! 

  

Le programme complet des deux journées de Micro ouvert autochtone 2024 se trouve ici

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