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L'amour crisse
Philippe Couture - 3 avril 2024

Louise Latraverse : une vie à réaliser ses rêves

À 83 ans, Louise Latraverse n’a pas dit son dernier mot et se lance corps et âme dans l’aventure du one-woman-show dont elle a toujours rêvé! Le spectacle L’amour crisse sera de passage à la Cinquième Salle au cœur de cette année commémorative, près de 60 ans jour pour jour après le spectacle de Claude Léveillée, premier chansonnier québécois à se produire à la Place des Arts le 27 avril 1964. Occasion toute désignée pour remonter le fil des souvenirs avec celle qui s’est très souvent produite à la Place des Arts. 

 

« J’aime vraiment profondément la vie, vous savez. Et j’ai envie de le dire! » Avec son légendaire sens de la formule, c’est ainsi que Louise Latraverse résume le contenu de son spectacle solo. 

 

Le titre accrocheur, L’amour crisse, est certes une référence à la célèbre réplique lancée spontanément sur le plateau de l’émission de France Beaudoin à Radio-Canada pendant la pandémie. Mais c’est aussi, tout simplement, une manière éloquente d’exprimer que Louise Latraverse a écrit un spectacle sur « l’amour de la vie ». 

 

Ici, il faut lire le mot « amour » dans son sens le plus large. Même s’il y est inévitablement un peu question de la période new-yorkaise de Louise Latraverse, alors qu’elle formait un couple avec la figure contre-culturelle Emmett Grogan, le monologue s’épanche très peu sur ses histoires d’amour conjugal. L’artiste octogénaire pétante de santé veut plutôt raconter une vie passée à aimer l’existence au grand complet, à aimer le monde, à aimer son pays, à aimer son métier et à aimer les grandes comme les petites choses. 

 

 

 

 

L’urgent besoin de sortir voir le monde 

 

« À 83 ans, j’ai envie de me raconter et j’ai l’impression d’avoir plein de choses à dire, avec peut-être quelque chose comme un recul éclairant », confie-t-elle. Le projet L’amour crisse est aussi une « stratégie » pour ne pas se retrouver sédentaire et isolée comme tant de personnes âgées. « Je veux sortir voir le monde. Je veux retourner sur mes pas dans toutes les régions du Québec grâce à ce spectacle. On a un si beau pays! J’étais sur la Côte-Nord récemment, et mon dieu que c’est magnifique! Nos paysages, notre fleuve qui est presque un océan, nos forêts d’épinettes, tout cela est grandiose. » 

 

Enchaînant les récits et les anecdotes, Louise Latraverse raconte sur scène une vie menée sans compromis, avec une énergie et un culot qui lui ont permis, dit-elle, de « [se] donner les moyens de réaliser tous [ses] rêves! » La petite histoire, bien sûr, croise la grande. À travers les récits de vie de l’artiste chérie des Québécois, c’est aussi une nation – et toute une communauté artistique vibrante – qui se racontent et qui se regardent dans le miroir. 

 

Il y a 60 ans, la Place des Arts 

 

Louise Latraverse était de la distribution de l’un des tout premiers spectacles présentés à la Salle Wilfrid-Pelletier, en 1964. Pendant trois folles soirées de mars, la troupe du Théâtre de Quat’sous, menée par l’exubérant Paul Buissonneau, reprenait La passion ou le manteau de Galilée, l’un de ses succès des saisons précédentes. Une grande fresque à multiples personnages, interprétée par près de 50 comédiens. Le prix d’entrée était fixé à 4 $! 

 

 
Archives de la Place des Arts

 

« Je me souviens bien de la frénésie et de l’excitation qui régnait, dit-elle. On se réjouissait d’être les premiers comédiens à performer dans la toute nouvelle Place des Arts. Le spectacle en lui-même était qualifié d’ingénieux. Je dirais pour ma part qu’il était mouvementé! » 

 

Le Québec était dans la folle ébullition des années 60, se rappelle l’artiste. Alors que les théâtres institutionnels émergeaient timidement, la Place des Arts se profilait déjà comme le berceau d’une nouvelle ère artistique. Son inauguration a marqué selon Louise Latraverse un tournant dans l’histoire des pratiques artistiques québécoises. « Le projet de la Place des Arts, financé par des fonds d’État, représentait une initiative politique novatrice à l’époque. Que le politique souhaite accompagner ainsi l’élan créatif qui balayait le Québec, c’était émouvant. » 

 

On ne pouvait passer sous silence le 60e anniversaire du premier spectacle d’un artiste québécois, celui de Claude Léveillée, qui aura lieu le 27 avril. « C’était la consécration pour son ex-conjoint et pour son frère Guy Latraverse qui produisait le spectacle. Pour nous tous, c’était la reconnaissance de nos talents et, surtout, la preuve que cette Place nous appartenait, c’était la nôtre! »

 

« C’était un moment de convergence qu’on n’a jamais connu à nouveau par la suite, poursuit-elle. Une époque de fusion harmonieuse entre personnalités politiques et artistiques. Je côtoyais René Lévesque! Les politiciens fréquentaient tout naturellement les poètes! » 

 

D’autres souvenirs émergent au fil de la conversation. Sur la ligne du temps, Louise Latraverse nous fait vite avancer jusqu’en 1969, année de création du spectacle Les Girls avec Clémence DesRochers. Une aventure féministe qui n’osait pas encore se nommer ainsi. Un spectacle, réalisé entièrement par une équipe féminine, donnant le crachoir aux femmes et représentant leur réalité sans compromis. Des saynètes engagées, de l’humour, de la poésie, de la verve. Et de la musique. Beaucoup de musique. « C’était tout simplement formidable et passionnant », résume Louise Latraverse. 

 

À 83 ans, elle incarne la quintessence de l’artiste toujours en quête de nouveaux horizons. Mais elle a aussi l’œil mûr et avisé de celles qui ont beaucoup vécu. Un dosage parfait à retrouver sur la scène de la Cinquième Salle les 15 et 30 avril prochains. C’est seulement 60 ans et 20 jours après la première représentation de La passion ou le manteau de Galilée à la Place des Arts le 26 mars 1964! 

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