Le Tartan de Montréal : tisser des liens, un kilt à la fois
Toujours bien vivant, l’héritage écossais de Montréal s’incarne dans divers lieux, parfois à notre insu : du Mille carré doré au Musée McCord, en passant le square Dorchester et son monument à Robert Burns, de même que les clubs de golf et de curling Royal Montréal. Pas étonnant que la métropole soit dotée d’un tartan officiel, un cadeau que la Société St. Andrews lui a offert en 2017, à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal.
« Les liens entre les Québécois et les Écossais remontent aux débuts de la colonie », rappelle Sterling Downey, artiste impliqué dans le projet de tartan montréalais et conseiller municipal du district Desmarchais-Crawford, dans l’arrondissement de Verdun, dont il est actuellement le maire suppléant. « On ne l’apprend peut-être pas à l’école, mais les Écossais se sont battus contre les Anglais aux côtés des Français sur les plaines d’Abraham. »
Manifestation concrète de cette alliance tricotée serré, le Tartan de Montréal 1642 est une étoffe 100 % laine mariant le bleu, le blanc, le vert, le rouge et le noir. Il est fabriqué par la marque Lochcarron of Scotland et représente « les peuples fondateurs de Montréal », indique la Société St. Andrew’s, instigatrice du projet, sur son site internet.
Partagés à la fois par les Écossais et les Français – pensons autant au fleurdelysé qu’au drapeau de l’Écosse –, le bleu et le blanc en trame de fond rappellent la bonne entente entre les deux nations, qui, soit dit en passant, remonte à 1295, bien avant l’époque de la Nouvelle-France. La couleur des Anglais, le rouge, est bien visible, tout comme le noir du Black Watch (Royal Highland Regiment) et le vert des Irlandais.
« Le vert nous fait [aussi] penser aux forêts du mont Royal et souligne notre respect renaissant pour l’environnement et pour les peuples des Premières Nations », ajoute la Société St. Andrew’s, dont les membres ont travaillé de longs mois afin que le Tartan de Montréal soit officiellement reconnu par le très sérieux Scottish Register of Tartans.
Un tartan pour tous
Sterling Downey, dont les liens avec la communauté écossaise remontent à son père, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale devenu membre du Black Watch, est catégorique : « On n’est pas obligé d’être écossais pour porter le tartan. »
Le conseiller municipal lui-même portait fièrement son kilt, « confectionné par une designer d’ici », au moment de son assermentation. Il invite les Montréalais à en faire de même chaque 6 avril, journée officielle du tartan au Canada et dans plusieurs pays à fort héritage écossais.
Et il n’y a pas que le kilt ! La Société St. Andrew’s a créé quelques accessoires en tartan montréalais, comme la cravate, le nœud papillon ou l’écharpe, et vend même la précieuse étoffe au mètre. Avis aux intéressés !