Festival Quartiers Danses : la danse comme nulle part ailleurs
Au Festival Quartiers Danses, véritable espace de découvrabilité en danse contemporaine, vous ne verrez pas les mêmes noms que sur les affiches des autres grands festivals. Le directeur-fondateur Rafik Hubert Sabbagh se donne la mission de sortir des réseaux habituels. Mission accomplie depuis 22 ans. En sa compagnie, résumons l’édition 2024, qui anime la Cinquième Salle de la Place des Arts du 5 au 14 septembre.
Rafik Hubert Sabbagh
Quartiers Danses? On pourrait résumer le tout en trois mots : découvrabilité, médiation et rayonnement. Grand spécialiste de danse contemporaine, le fondateur, Rafik Hubert Sabbagh, sillonne les festivals de la planète et se délecte de ce qu’il y voit, mais son objectif à Quartiers Danses est de « faire tout le contraire de ces gros événements, dit-il. Car, il faut bien le reconnaître, de Montréal à Édimbourg et Amsterdam, ces festivals se ressemblent tous. »
En septembre à la Cinquième Salle de la Place des Arts se produiront donc des artistes émergents ou des noms moins connus, parfois des artistes issus de communautés culturelles diverses ou de traditions chorégraphiques moins représentées – après tout, Montréal regorge de ces artistes de la diversité qui n’ont pas toujours la visibilité méritée. À cela s’ajoute un programme hors pair de médiation culturelle en collaboration avec divers organismes montréalais ainsi qu’un volet international à la fois conçu pour faire découvrir le monde aux spectateurs montréalais et faire voir les artistes montréalais aux diffuseurs internationaux.
Une approche d’accompagnement
Si vous êtes un spectateur de longue date du Festival Quartiers Danses, vous savez que ce dernier aime soutenir les artistes à long terme, nous les faisant d’abord découvrir dans des formes courtes, puis les ramenant l’année suivante dans une forme plus étendue, puis à nouveau l’année suivante en tête d’affiche avec des moyens plus considérables. « J’aime accompagner les artistes de cette manière, explique le fondateur. Je pense que les spectateurs apprécient cette fidélité et aiment suivre l’évolution des artistes peu à peu. C’est un vrai privilège. »
La compagnie Tentacle Tribe, par exemple, est aujourd’hui un fleuron montréalais bien connu. À Quartiers Danses cette année, on l’applaudira en soirée d’ouverture le 6 septembre, entre autres aux côtés de Margie Gillis et des Grands Ballets Canadiens. Or personne n’avait trop entendu parler de Tentacle Tribe la première fois que ses interprètes ont foulé les planches de Quartiers Danses avec leur torsion de codes hip-hop et contemporains. Le Festival l’a reprogrammée année après année. Un exemple parmi d’autres.
À cette démarche « accompagnante » pour les artistes, le Festival combine un souci d’épauler de façon pointue le spectateur dans sa compréhension des œuvres. Deux médiatrices culturelles sont à l’emploi de l’organisme à temps plein – la chose est plutôt rare! « Les ateliers de médiation visent un public large, souligne Rafik Hubert Sabbagh, mais plusieurs sont aussi pensés pour cibler les populations plus en marge de notre société, telles que les personnes immigrantes et/ou en processus de francisation, ou les personnes autochtones et allochtones en situation de grande précarité. »
Faire le plein de découvertes
Au bout du fil, Rafik Hubert Sabbagh décortique pour nous le contenu de chacune des soirées du Festival, ne négligeant aucun détail et sachant résumer chaque esthétique, chaque territoire gestuel, chaque tradition. Impossible de tout restituer ici, mais laissons-le raconter quelques morceaux choisis :
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Janie & Marcio le 7 septembre
Si l’on en croit Rafik Hubert Sabbagh, « les artistes de danse urbaine se faisant connaître à l’émission télévisée Révolution sont nombreux à en ressortir fort inspirés et bien armés pour développer hors du giron télévisuel des pratiques contemporaines passionnantes ». C’est le cas de Janie & Marcio, qui ont recouru aux services du metteur en scène Frédéric Bélanger pour accoucher de Syntonie, une performance sur la recherche d’équilibre dans nos vies et sur la transcendance de nos limites.
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Morgane Le Tiec le 8 septembre
Voilà l’une de ces artistes dont le Festival Quartiers Danses s’est amouraché « au point de la suivre sur quelques années ». Dans la pièce Moïra, trois femmes-sorcières manient leurs longues tresses et inventent un univers singulier inspiré de la légende des Moires. Un spectacle tout public.
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Soirée New York et Montréal le 13 septembre
Croyez-le ou non, même si ces deux villes sont si géographiquement et culturellement proches, elles ne se croisent pas souvent sur scène. Rectification faite grâce au Festival Quartiers Danses, qui convie sur les mêmes planches Emma-Lynn Mackay Ronacher, le binôme Rebecca Margolick et Jason Martin ainsi que le duo Maya Orchin et Stefanie Nelson. De vraies découvertes. « Vous reverrez ces noms partout au fil des prochaines années. Promis! »
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Ólöf Ingólfsdóttir, de la grande visite d’Islande, le 11 septembre
En programme triple avec Zachary Bastille et Cai Glover lors de la Soirée Multi-Générations, l’artiste chevronnée Ólöf Ingólfsdóttir offrira sa nouvelle création solo, Something About Clouds. « Musique opératique baroque et gestuelle délicate fusionnent dans cette œuvre branchée sur un vaste spectre d’émotions humaines. »
Ajoutons à ce programme (non exhaustif) le ciné-danse, une sélection de films à ne pas rater, en collaboration avec l’Office national du film, ainsi qu’un programme extérieur gratuit (non dévoilé encore) aux abords de la Place des Arts. Si vous en êtes, vous pourrez vous vanter d’avoir découvert les futures étoiles de la danse avant tout le monde. Une bonne habitude à prendre en septembre.