Atelier It Starts With a Conversation : apprendre à développer une collaboration artistique
L’Islandaise Ása Richardsdóttir et la Danoise Lene Bang Henningsen ont publié l’an dernier le livre électronique It Starts With a Conversation, pour aider les artistes des pays nordiques à développer des collaborations internationales. Après avoir donné chacune de leur côté plusieurs formations sur la lancée de ce guide, les deux complices se sont retrouvées à la Place des Arts pour animer ensemble, pour la première fois, un atelier à l’intention des artistes et producteurs québécois. Lene Bang Henningsen en tire un premier bilan.
Quelle est l’origine de It Starts With a Conversation ?
Ice Hot, un événement biennal de danse dans les pays nordiques, voulait aider les artistes et les producteurs locaux à développer des collaborations internationales. En Scandinavie, ce genre de collaboration est presque une nécessité : certains de nos pays sont trop petits pour soutenir seuls des projets de grande envergure. Ice Hot nous a donc demandé de rédiger un petit guide sur le sujet. Cela a donné It Starts With a Conversation, un document en anglais, téléchargeable gratuitement et qui se lit en moins d’une heure. Il s’est avéré utile à un auditoire beaucoup plus large que celui visé au départ.
Pourquoi dites-vous que toute collaboration artistique part d’une conversation ?
C’est un simple constat. Pour travailler avec quelqu’un d’autre, il faut établir un dialogue, lui faire connaître, comprendre et aimer notre projet, tout en saisissant bien les intérêts et les aspirations de l’interlocuteur. C’est moins évident qu’il n’y paraît, car amorcer une conversation productive exige une certaine discipline. Quatre attitudes nous semblent importantes pour qu’un dialogue se passe bien : la curiosité, l’ouverture d’esprit, la volonté de partager et la capacité d’écoute. Le respect de l’autre est un ingrédient essentiel du succès dans toute collaboration. Je ne crois pas tellement au marketing. Je crois aux relations qu’on tisse avec les autres et qui permettent à tous d’avancer.
Crédit photo : Thibault Carron
Comment l’atelier s’est-il déroulé à Montréal ?
Nous avons passé six heures avec une vingtaine de participants venant de tous horizons : cinéma, télévision, théâtre, musique. Leur degré d’expérience était aussi très varié. Un participant avait même fait le voyage depuis Vancouver. C’est vraiment loin pour moi qui viens du Danemark, un petit pays qu’on peut traverser en moins de quatre heures en auto ! Chaque participant est arrivé avec un projet sur lequel il travaillait. On a pris le temps d’échanger sur chacun de ces projets pour bien les comprendre, et on a fait plusieurs exercices en utilisant ces cas concrets. Tout cela dans l’objectif de leur donner des outils pour faciliter le développement de collaborations artistiques.
Est-ce que toute votre démarche passe par la conversation ?
En fait, l’écriture y joue aussi un rôle très important. Plusieurs fois pendant l’atelier, on a demandé aux participants d’écrire leurs objectifs, leurs valeurs et ce qu’ils retenaient de leurs interactions. Les artistes écrivent beaucoup moins sur leur art qu’on ne le pense. Ils rédigent des demandes de subventions et des rapports d’activité pour les bailleurs de fonds, mais sans grande passion ! Bien expliquer un projet qui vous anime, pour susciter l’intérêt de collaborateurs, de partenaires, de diffuseurs et de bailleurs de fonds : c’est le cheminement que doivent suivre tous les producteurs et les artistes qui s’autoproduisent. Mettre au moins certains éléments de son projet par écrit aide à clarifier sa pensée et facilite la communication.
Crédit photo : Thibault Carron
Selon votre guide, il est nécessaire de bien se préparer à toute conversation. Avez-vous aussi abordé cette étape de préparation ?
Absolument, la préparation est indispensable à la réussite d’une conversation. Cela commence par une prise de conscience précise de qui l’on est comme artiste, des valeurs qu’on veut transmettre, et de ce que l’on veut accomplir. Nos valeurs ne nous apparaissent pas toujours de façon évidente. Dans l’atelier, nous avons demandé à chaque participant de revenir sur ses réalisations artistiques les plus marquantes pour identifier a posteriori les valeurs qui s’en dégageaient. Ce sont probablement les mêmes valeurs qui animent l’artiste dans sa recherche de collaborations futures.
Êtes-vous satisfaite de l’expérience à la Place des Arts ?
Certainement. Nous avons senti un haut niveau d’intérêt et d’engagement des participants, et un fort sentiment de générosité réciproque dans les échanges. Le meilleur résultat qu’on pouvait espérer, c’est que des artistes d’une même communauté fassent connaissance, s’aident mutuellement, et souhaitent garder contact par la suite. Les commentaires positifs qu’on a reçus me font croire que nous y sommes parvenues.
L’atelier It Starts With a Conversation s’est déroulé en avril 2018 à la Place des Arts, dans le cadre de l’événement Printemps nordique.