En résidence – L0gigue Fl0ue : s’évader par la danse
Crédit photo : Thibault Carron
Crédit photo : Thibault Carron
Maryse Boyce - 11 juin 2021

En résidence – L0gigue Fl0ue : s’évader par la danse

Sébastien Cossette-Masse a exploré le chapitre final de son projet L0gique Fl0ue, qui combine les codes du jeu d’évasion et la danse contemporaine, lors d'une résidence à la Place des Arts.

 

L’expérimentation, débutée en 2018, a vécu de nombreuses métamorphoses jusqu’à maintenant. Démarrée en duo, elle a migré vers le solo, avec une incursion dans une version requérant la participation du public, pour glisser vers une mouture où le public prend part à l’œuvre et devient danseur, et finalement revenir au solo, dans lequel elle semble avoir trouvé sa forme définitive.

 

« La série, ce sont toutes les possibilités qu’on a trouvées pour finalement arriver à la version sur laquelle je travaille cette semaine à la résidence », précise Sébastien Cossette-Masse. « C’est né d’un désir d’émancipation de mes limites, résume le danseur et chorégraphe. Ça vient d’un désir de “sortir de la boîte” : [c’est pourquoi] l’idée des jeux d’évasion avait du sens. »

 

 

Se libérer des cadres

 

La boîte, ici, n’est pas que métaphorique : elle fait partie intégrante de la mise en scène. L’interprète danse à l’intérieur d’une boîte dont trois cloisons sont transparentes, de laquelle il est prisonnier et dont il s’extirpe en quelques occasions.

 

C’est une expérience de mort imminente vécue par un ami proche qui a agi comme catalyseur pour le volet Absolution, soit le retour à la forme solo. Cette épreuve a suscité beaucoup d’émotions et de questions chez le chorégraphe, qui est aussi thérapeute énergétique : « Cette rencontre avec la mort, lui dire non, c’est vraiment puissant. » Si la mort constitue pour beaucoup la plus grande peur, quelle était la sienne ?

 

« Pour moi, c’est d’arriver sur scène et de ne pas savoir quoi faire. C’est ma plus grande peur, ma plus grande mort, et je vais aller la rencontrer. »

 

 

Dompter ses craintes

 

Cet apprivoisement de ses peurs s’est fait en étapes, à l’image des chapitres de L0gique Fl0ue. Avec Absolution, c’est sa complice Marie-France Jacques, collaboratrice de première heure dans le projet, qui s’est placée en état de vulnérabilité, seule sur scène.

 

C’est d’ailleurs sur ce chapitre que devait plancher la compagnie Nouveau Mouvement, dont M. Cossette-Masse est le directeur général et artistique, lors de sa résidence à la Place des Arts, lorsqu’elle a soumis son dossier en décembre dernier.

 

Toutefois, une résidence réalisée à Rouyn-Noranda en avril s’est si bien déroulée que le chorégraphe a eu l’impression d’être allé au bout de cette version avec une interprète et de pouvoir affronter l’ultime étape avec Apothéose. « Avec Absolution, on a travaillé sur le fait d’être tout seul dans la boîte et ce que ça crée, avec Marie-France. À la Place des Arts, c’est moi qui deviens interprète, tout seul dans la boîte, et qui observe ce que ça évoque et ce que ça procure chez moi. » Le moment est venu pour lui d’affronter ses propres craintes.

 

 

« Pour moi, c’est d’arriver sur scène et de ne pas savoir quoi faire. C’est ma plus grande peur, ma plus grande mort, et je vais aller la rencontrer. »

 

« Dans les premières pièces [avec L0gique Fl0ue], je voulais sortir de la boîte de l’interprète, du danseur, mais dans Apothéose, j’ai envie de sortir de la boîte du chorégraphe », affirme-t-il. En incarnant les deux rôles à la fois, sans recul, M. Cossette-Masse a l’impression de jouer sur la porosité de la frontière entre ces deux rôles.

 

Mis à part la visite de la danseuse Marie-France Jacques en début de semaine et de celle d’un œil extérieur à la fin, la résidence dans la salle de répétition E, situé dans le sous-sol de la Place des Arts, se déroule dans une solitude créative complète. « Ce que je travaille cette semaine, c’est le plaisir de me mettre dans une situation d’inconnu et de découvrir l’œuvre spontanément. »

 

« Je suis tout seul avec les accessoires, dans le studio avec la musique, et je redécouvre l’essence même du projet, sans tout ce qu’il y a autour. » Celui qui souhaite s’évader métaphoriquement « du désir de performer, d’être sur une scène », tout en plaçant cette même quête sur ladite scène, revisite les précédents chapitres de L0gique Fl0ue pour ne garder que les éléments les plus porteurs et les réinterpréter.

 

 

« Je suis tout seul avec les accessoires, dans le studio avec la musique, et je redécouvre l’essence même du projet, sans tout ce qu’il y a autour. »

 

Il est difficile pour son idéateur de prédire ce qu’il adviendra à l’issue de ce dernier chapitre de L0gique Fl0ue. « Cette semaine, je vais dire non merci à la mort, mais ce que ça va créer, je ne le sais pas. Dans la forme, je vais encore faire des spectacles. » Le résultat de la résidence de cette première semaine de juin à la Place des Arts sera présenté devant les élèves d’une école primaire lundi prochain. Pour la suite, l’avenir nous le dira.

 

Le programme L’Art en soi, rendu possible grâce au soutien financier de la Fondation de la Place des Arts et ses partenaires, offre un appui aux artistes dans le but de faciliter la création et le déploiement d’œuvres originales. Les Résidences d’artistes procurent aux créateurs des conditions optimales d’exploration, d’expérimentation ou de production d’une œuvre, soit en salle de répétition ou de spectacle.

 

Crédit photo : Thibault Carron

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