René Richard Cyr
Crédit photo : Sandra Larochelle
Crédit photo : Sandra Larochelle
Patrick Pierra - 4 juin 2018

René Richard Cyr: pourquoi aller (ou retourner) voir les Belles-Soeurs

Avec l’adaptation des Belles-Soeurs en pièce musicale en 2010, René Richard Cyr avait donné une nouvelle jeunesse à l’œuvre de Michel Tremblay. Après un succès retentissant partout au Québec, dans le reste du Canada et en France, le metteur en scène ramène Belles-Sœurs, théâtre musical à Montréal cet automne dans une version modifiée. René Richard Cyr revient sur la réussite de l’adaptation et présente les nouveautés de la version 2018.

 

D’où vous est venue l’idée d’adapter Les Belles-Sœurs en une pièce musicale?

Le projet est né du désir commun que Daniel Bélanger et moi avions de travailler ensemble sur une création. Après plusieurs années de recherche, nous avons jeté notre dévolu sur Les Belles-Sœurs. La structure de la pièce, qui comprenait des chœurs et des monologues, se prêtait très bien à une adaptation.

 

Comment avez-vous travaillé avec Michel Tremblay sur cette adaptation de son roman?

Dès le départ, Michel nous a fait confiance et nous a laissés avancer de notre côté. J’ai d’abord travaillé sur l’adaptation théâtrale, en choisissant ce qu’on conserverait du texte original et ce qu’il faudrait couper. Puis, j’ai écrit les paroles des chansons, mais je ne m’en considère pas comme le seul auteur: elles viennent de Michel. Toute la pièce est basée sur son texte, il n’était pas question pour moi d’écrire à sa place.

 

Quel rôle joue la musique dans le spectacle?

Daniel Bélanger a mis tout son talent et sa sensibilité au service d’une musique qui magnifie le texte. C'est une musique très variée, qu’on ne peut pas résumer à un seul style. Il y a souvent des clins d’œil à la musique qui était à la mode dans les années 60, à l’époque à laquelle se situe la pièce, mais on entend plein de sortes de styles musicaux, notamment du gospel lorsque les femmes chantent toutes ensemble.

 

Vous attendiez-vous à un tel succès?

Dès le moment où l’on a commencé à répéter le spectacle, j’ai bien vu la force de l’œuvre et de la musique. Mais je ne pouvais pas présumer de quelle façon le public recevrait le spectacle. L’accueil a dépassé toutes nos espérances.

 

Un des défis de la pièce est de faire chanter des actrices de théâtre. Comment vous y êtes-vous pris?

Toutes les comédiennes pressenties, même les plus aguerries, ont dû se prêter à une audition. Elles l’ont fait de bonne grâce. On ne cherchait pas des performances vocales. On cherchait d’abord de l’émotion, de la justesse, de la vérité, et c'est ce qu’on a trouvé. Le résultat est extraordinaire : toutes les interprètes ont des voix formidables!

 

Quelles sont les nouveautés de la version que vous présenterez à la Place des Arts en octobre 2018?

Il y en a plusieurs. D’abord, l’effectif est un peu réduit: la pièce sera jouée par 12 comédiennes au lieu de 15. Trois nouvelles actrices s’ajoutent au groupe, et trois autres changent de rôle. Par ailleurs, nous ajoutons une nouvelle chanson dans le spectacle.

 

Pouvez-vous parler de cette nouvelle chanson?

Non, je veux laisser le public la découvrir en spectacle. Et même si la chanson est écrite, il faut d’abord que je l’éprouve en répétition!

 

À quoi peuvent s’attendre les spectateurs qui ont déjà assisté à la version musicale de la pièce?

Ils n’auront pas forcément l'impression de voir un nouveau spectacle. Ce sont les mêmes Belles-Sœurs, avec le même esprit dans le même décor. On pouvait difficilement améliorer le spectacle: il était déjà parfait! Mais ces spectateurs auront aussi le même plaisir. Contrairement au public du théâtre classique, qui retourne rarement voir une même pièce dans une même mise en scène, beaucoup de spectateurs aiment revenir assister à cette pièce musicale pour  revivre les émotions qu’elle suscite.

 

Et que dire à ceux qui ne l’ont encore jamais vu?

Que c’est un spectacle de théâtre total, dans lequel ils trouveront autant de l’émotion et du plaisir que du drame et de la tragédie. Les Belles-Sœurs est la pièce québécoise la plus jouée dans le monde. Avec cette adaptation musicale, c’est un peu comme si on avait sorti la belle argenterie de son tiroir et qu’on l’avait nettoyée pour une grande occasion. Le spectacle est un hommage flamboyant à nos mères, à nos femmes, à nos filles, à nos cousines... J’invite les gens à venir y reconnaître leurs propres belles-sœurs!

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