Rhodnie Désir 
Mario Cloutier – 37e AVENUE - 6 décembre 2022

Rhodnie Désir : Résider, rencontrer, créer

Première artiste associée à la Place des Arts, la chorégraphe Rhodnie Désir y a installé ses pénates il y a un an. Cette lauréate du Grand Prix de la danse de Montréal en 2020 prépare ses prochains spectacles dans des conditions de travail remplies de belles opportunités, nous dit-elle en entrevue.   

 

  

 

Quelles sont les circonstances qui vous ont amenée à devenir artiste associée à la Place des Arts ? 

 

Rhodnie Désir : « J’ai rencontré Yannick Nézet-Séguin lors d’un Entretien Arts et société organisé par Clothilde Cardinal, [la directrice de la programmation], à la Place des Arts. Une connexion s’est vite établie entre nous. Le soir même, en pliant des vêtements, j’ai eu l’idée du projet Symphonie de cœurs. J’en ai parlé à Danse Danse, puis à Yannick et à la Place des Arts. J’avais l’espoir de m’y installer. » 

  

Avoir son bureau, son lieu d’exploration et de création au même endroit a changé les choses pour vous ? 

 

R. D. : « Beaucoup. On est entré dans un espace réservé normalement aux compagnies résidentes depuis de nombreuses années. C’est un honneur d’y avoir une place où on est en dialogue avec l’institution et ses partenaires. Mon rôle principal en est un d’observation active. Je peux offrir des propositions artistiques, sociales et structurelles avec mon regard d’artiste. J’ai toujours aimé travailler avec des gens hors de mon milieu. Là, je peux œuvrer avec plein d’organismes dans le Quartier des spectacles. Je perds aussi moins de temps en ayant tout sur place. C’est une situation confortable pour moi. » 

  

Quels liens avez-vous déjà établis avec les autres compagnies sur place ? 

 

R. D. : « Un projet est en développement et il y en aura d’autres avec le temps. Le premier a été un activateur de ma présence ici, c’est Symphonie de cœurs en partenariat avec l’Orchestre Métropolitain, Danse Danse et l’Office national du film du Canada (ONF), et bien sûr la Place des Arts, tous situés dans le Quartier. C’est un projet ambitieux, qui inclut aussi l’Institut de cardiologie de Montréal, le Centre national des arts et le Fonds national de création, à Ottawa, ainsi que LAC Lugano Arte e Cultura, en Suisse. Il y a eu un effet de magnétisme gagnant entre les partenaires. Tous vont pouvoir innover dans leur secteur respectif dans cette aventure. La Place des Arts me donne la possibilité d’être un levier et de bâtir pour l’avenir. » 

  

C’est avoir le moyen de ses ambitions sans perdre de vue un projet qui vous tient à cœur, c’est le cas de le dire… 

 

R. D. : « Ça va même plus loin. Il y a une forme d’émerveillement qui se crée et qui touche aussi mon projet actuel, MWON’D. C’est intangible. C’est une passion basée sur la certitude qu’on se doit de mener à terme ce qu’on est en train de créer. Je sens que je suis dans un mouvement dépassant le soi et le rationnel. » 

  

À la Place des Arts, vous avez accès à de nouvelles portes pour vous permettre de poursuivre votre travail de création ? 

 

R. D. : « Totalement. J’ai accès à beaucoup de portes que je n’avais jamais déverrouillées. C’est pour ça que je suis dans une démarche créatrice. Quand je crée, je ne m’appuie pas sur un thème, mais sur des gens et du vrai, sur ce qui tremble et ce qui flanche. J’essaie de dénouer des nœuds jusqu’au moment où j’aperçois le projet. Parfois, je me dis que je ne suis peut-être pas chorégraphe, mais un enfant qui apprend à jouer. Avec MWON’D, au sujet des changements climatiques, j’avais besoin de gens à qui parler pour mieux comprendre. Le contact humain nous ramène à ce qui est criant. » 

  

Ce spectacle a donc aussi profité de votre installation à la Place des Arts ? 

 

R. D. : « Oui, toutes les répétitions avec les interprètes y ont eu lieu. On a aussi pu y déployer la grande pellicule de survie au-dessus des danseurs. Pour moi, c’est la septième interprète puisqu’il y a cinq danseurs et un musicien sur scène. Cette pellicule d'aluminium se veut un rappel non seulement de ce à quoi nous avons accès tous les jours, la splendeur du soleil, mais aussi de ce qu’on doit craindre comme catastrophes. La nature sait nous rappeler la petitesse de l’humain. » 

 

  

Vous êtes artiste associée jusqu’à la fin de 2024. Les projets actuels ne seront donc pas les seuls conçus ?  

 

R. D. : « J’ai clairement une envie de continuer après Symphonie de cœurs. Ma première année ici est davantage autour de l’observation et de la rencontre. Je vais proposer mes idées lors de la prochaine rencontre. J’ai appris avec MWON’D qu’il ne faut pas précipiter les choses. J’en suis là en ce moment. » 

Le spectacle MWON’D est à l’affiche présentement et jusqu’au 10 décembre à L’Agora de la danse situé dans le Quartier des spectacles. 

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