Les Violons du Roy, passeurs de beauté
Crédit photo : Les Violons du Roy
Crédit photo : Les Violons du Roy
Maryse Boyce - 30 janvier 2019

Les Violons du Roy, passeurs de beauté

Les Violons du Roy et La Chapelle de Québec s’arrêteront à la Maison symphonique deux fois ce printemps. Au programme, deux œuvres monumentales : La Création de Haydn, qu’ils présenteront en concert pour la première fois, et la Messe en si mineur de Bach, qu‘ils se réjouissent de retrouver, 17 ans après en avoir donné une première interprétation.

 

Haydn ou la nouveauté dans la continuité

 

Ce premier passage le 3 mars sera l’occasion pour Jonathan Cohen, le nouveau directeur musical des Violons du Roy, de diriger le chœur La Chapelle de Québec, qui se produira en tandem avec l’orchestre de chambre. Pour l’occasion, environ 75 musiciens et chanteurs se partageront la scène, dont trois solistes invités : la soprano Anna Lucia Richter, le ténor Allan Clayton et le baryton Thomas E. Bauer.

 

« Jonathan Cohen souhaitait présenter un concert qui était encore inexploré pour Les Violons du Roy, tout en demeurant en ligne directe avec notre orientation », explique Laurent Patenaude, directeur principal de l’administration artistique des Violons du Roy. La Création s’avère en ce sens un choix aussi ambitieux qu’approprié : « Les Violons du Roy fréquentent Haydn depuis plus de 30 ans. Nos musiciens sont donc ferrés dans son répertoire », poursuit l’administrateur.

 

Un compositeur au sommet de son art

 

« La Création est peut-être l’œuvre sur laquelle Haydn a travaillé le plus intensément. Elle a constitué le plus grand succès de sa carrière, estime Laurent Patenaude. Elle fait appel à beaucoup de virtuosité de la part des musiciens et du chœur. Il y a des éléments dans la partition qui sont assez difficiles à réaliser. » Nicole Trotier, violoniste et membre fondatrice de l’ensemble à cordes, confirme : « La musique de Haydn représente un défi technique et rythmique très important. »

 

« La Création est peut-être l’œuvre sur laquelle Haydn a travaillé le plus intensément. Elle a constitué le plus grand succès de sa carrière. »

 

Une résonance actuelle

 

Même si la genèse de cet oratorio remonte au 18e siècle, l’œuvre conserve aujourd’hui toute sa pertinence. Alors que planent plus que jamais des menaces sur l’environnement, La Création est « une ode à la nature et à sa beauté fondamentale », selon le directeur de l’administration artistique. Divisée en trois parties, l’œuvre s’ouvre sur une représentation sonore du chaos et se déploie vers une exploration de la création de la vie, pour se conclure avec une célébration joyeuse de l’existence.

 

L’oratorio sera chanté en allemand afin de rendre « toute la couleur de la musique de Haydn, dont la langue originale fait partie intégrante », selon Laurent Patenaude. Le public pourra suivre l’histoire à l’aide du texte fourni dans le programme du concert, tout en se laissant porter par le travail rigoureux effectué par le chœur et l’orchestre.

 

L’apogée en si mineur

 

Avec les bourgeons reviendront à la Maison symphonique Les Violons du Roy et La Chapelle de Québec dirigés par leur chef fondateur Bernard Labadie dans la monumentale Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach. D’autant plus que quatre solistes de renommée internationale ajouteront leurs voix à celles du chœur : la soprano Lydia Teuscher, le contre-ténor Iestyn Davies, le ténor Robin Tritschler ainsi que le baryton Matthew Brook.

 

Le plaisir d’interpréter cette œuvre foisonnante s’accompagne d’une certaine pression : de nombreux adeptes de musique classique lui portent une affection indéfectible, et leurs attentes sont élevées. Si les raisons de cet attachement varient, pour l’altiste Isaac Chalk, la grande force de frappe de ce que plusieurs considèrent comme le chef-d’œuvre du prolifique compositeur réside dans son ouverture, une merveille de simplicité : « C’est peut-être l’une des choses les plus saisissantes, tout en étant parmi les plus simples que Bach ait écrites. Les 15 premières secondes ont un impact incroyable, ensuite il y a une grande fugue assez complexe qui se déploie devant nous », dit le musicien.

 

La beauté qui transcende les époques

 

Que l’on soit croyant ou non, la Messe en si mineur est un incontournable, estime Laurent Patenaude, puisqu’elle permet de mettre l’auditeur en lien avec la beauté pure. « Quand on est confronté à une œuvre aussi splendide, c’est comme être devant un grand tableau de la Renaissance : même si le sujet peut nous sembler lointain, l’effet est immense. »

 

Le contact avec des œuvres aussi grandioses nous amène dans un exaltant voyage intérieur, croit le directeur : « C’est curieux, une telle beauté, si immense, nous retire du monde et nous plonge en nous-mêmes tout à la fois. Il y a tellement à retirer, humainement, de cette musique. »

 

« Quand on est confronté à une œuvre aussi splendide, c’est comme être devant un grand tableau de la Renaissance : même si le sujet peut nous sembler lointain, l’effet est immense. »

 

Et pour apprécier toutes les subtilités de cette création magistrale, la Maison symphonique s’avère un fabuleux écrin. « Cette salle est un lieu idéal, s’enthousiasme Laurent Patenaude. C’est comme jouer sur un Stradivarius : la Maison symphonique rend vraiment justice à l’œuvre et au travail mené par les interprètes. »

 

Les Violons du Roy et La Chapelle de Québec interpréteront à la Maison symphonique La Création de F. J. Haydn le dimanche 3 mars 2019 à 19h30 et la Messe en si mineur de J. S. Bach le samedi 11 mai 2019 à 19h30.

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