Tony vend des billets. Depuis 15 ans. C'est sa job. Le monde de la billetterie s’automatise, mais ça prend encore quelqu’un pour faire marcher la machine. Surtout quand la machine plante, ou que le groupe à l’affiche est refoulé aux douanes. Aujourd'hui, Tony entraîne Jazz, un apprenti «producer» de musique qui se cherche un gagne-pain temporaire entre deux contrats peu payants. Sauf que le spectacle de ce soir est annulé. Mais rassurons-nous : ça aura quand même lieu et personne ne sera remboursé.
Alors que les pratiques des géants de la billetterie sont de plus en plus dénoncées dans les journaux et les réseaux sociaux, Tony vend des billets invite le public dans le ventre de la bête, en toute intimité, pour y passer un moment étonnamment humain. Le téléphone sonne constamment et il y a toujours un feu à éteindre, mais quand Tony et Jazz jasent, on est à des kilomètres de la froideur des algorithmes de tarification dynamique. On retrouve la connexion, on invente des révolutions.
«Tony existe pour vrai. Tout est vrai. Ou presque » assure Maxime Brillon, qui a connu des dizaines de Tony durant ses années de travail en billetterie. Ces personnes qui tiennent les opérations à bout de bras, sans qui tout s’écroule, et d’où émane une sagesse déroutante de guerrier·ère usé·e. L’auteur rend hommage aux humain·e·s derrière les téléphones et les écrans, qui se posent en rempart entre une industrie tentaculaire et le monde ordinaire qui veut juste voir un bon spectacle et, parfois, parler à une vraie personne au téléphone.
Le collectif Tôle livre ici un spectacle plus réaliste que ses propositions précédentes. On reconnaît toutefois la douce folie du groupe multidisciplinaire dans la trame musicale du spectacle, entièrement livrée par des imprimantes à billets.
Tony vend des billets est présenté en formule 5 à 7 dans les coulisses du théâtre.*