Une procession pop-païenne à 10 interprètes main dans la main telle une ribambelle. Leur félicité est divine. On voudrait se fondre à leur idylle, goûter au même soleil. Alors que naît le désir de ne jamais les voir s’arrêter, l’œil rusé de la chorégraphe Catherine Gaudet fait surgir quelque chose d’inquiétant dans ce paysage naïf où tout est soumis à l’impératif du bonheur.
ODE émerge quelque part du sous-sol un peu suintant des Jolies choses, œuvre ayant conquis la planète danse. Là où ce qui devait rester tapi dans l’ombre immaculée du spectacle refait surface. À quel prix maintenons-nous l’image de l’harmonie collective? Accompagnée de ses complices, Gaudet fait trembler la machine des faux-semblants. Par accumulation, tranquillement, les mains joueuses se crispent, le chœur s’époumone, le point de bascule est stimulé, espéré. Un cas de transe collective des plus saisissants.