Emma est comédienne. Un soir, ses répliques lui échappent et son univers bascule. Car Emma est aussi toxicomane. Puisque plus personne ne veut l’embaucher à moins qu’elle soit clean, elle n’a pas le choix : elle entre dans un centre de désintoxication et, dans le chaos assourdissant du sevrage, elle doit, pour une fois, dire la vérité. Elle est pourtant si douée pour le mensonge… ce qui est pratique pour une actrice. Alors que l’enivrement, celui de la drogue comme celui du jeu, est pour Emma un moyen de survie, pourra-t-elle jamais s’en priver et être elle-même? Mais qui est-elle réellement?
Olivier Arteau, reconnu pour ses mises en scène audacieuses et rythmées, s’attaque avec fougue à cette pièce du dramaturge britannique Duncan Macmillan (Toutes les choses parfaites) en y apposant sa signature singulière. Le directeur artistique du Trident orchestre une représentation viscérale de la dépendance et des luttes pour le rétablissement. Les gens, les lieux, les choses amène le public à sonder l’expérience de la dépendance; à goûter l’euphorie, mais aussi le délire et l’insoutenable aliénation. « Jouer me donne la même chose que la drogue et l’alcool. Les bonnes pièces sont tout simplement plus difficiles à trouver », dit Emma. Anne-Élisabeth Bossé, que l’on retrouve avec joie sur les planches, incarne ce personnage d’une grande intelligence, dont la vulnérabilité n’a d’égale que l’entêtement. Exploration captivante du besoin d’échapper à la vie réelle et de la crainte absolue d’être face à soi-même, Les gens, les lieux, les choses multiplie les parallèles entre le théâtre et la thérapie, entre l’art et la dépendance, et ne ressemble à aucune autre aventure théâtrale.
« Emma est polymorphe : furieusement vibrante, terriblement incisive et foncièrement poreuse à tous ceux et celles qu'elle côtoie... elle embrasse indéniablement l’absolu. Elle est traversée par une pulsion de vie qui inspire et terrifie, elle est contagieuse et troublante. Son sevrage, aussi ardu soit-il, est une quête vers sa substantifique moelle, vers une vérité à laquelle elle n'a accès que par le biais de psychotropes. Mais l’authenticité existe-t-elle vraiment? N’existe-on pas uniquement aux interstices de ce que nous croyons être? »
— Olivier Arteau