On marche en nature comme on marche en lecture. Le livre d’ailleurs n’est-il pas à lui seul un condensé de la forêt, issu de la matière-même des arbres?
Voici donc l’écrivain arpentant les sentiers qui traversent les terres d’Annie Dillard, de Flannery O’Connor, de Jean Giono, de Barry Lopez, d’Emily Dickinson, de Colette, de Montaigne, de Gabrielle Roy, de Gustave Flaubert…
Inaugurant ainsi dès 1997 le cycle de ses carnets sur l’art de voir, de lire et d’écrire – certain.e.s pourraient dire « de vivre » –, Robert Lalonde n’aura de cesse au cours de sa fructueuse carrière d’offrir à ses lectrices et à ses lecteurs ses rêveries de promeneur solitaire, se nourrissant des paysages extérieurs pour ausculter avec profondeur nos paysages intérieurs, dans un mouvement de balancier si hypnotisant qu’on en vient à se dire que les yeux seuls ne suffisent plus pour appréhender le monde. « C’est si difficile de voir » disait le professeur Borduas à son élève Riopelle. Quant à vivre, commençons par tenter de voir, ce sera toujours ça de pris.