Créée deux ans après son fameux Joe, Nuit est l’une des œuvres phares de Jean-Pierre Perreault. Admirablement dansée par une distribution hors pair, cette œuvre impétueuse ouvre une fenêtre sur l’immense legs du chorégraphe.
« L’être humain est sensible à deux choses : aux autres ainsi qu’à l’espace qu’il habite et qui le contient », affirmait le regretté chorégraphe Jean-Pierre Perreault (1947-2002), qui se plaisait, d’une même impulsion, à scénographier, chorégraphier, éclairer et sonoriser lui-même ses créations. Ses explorations picturales lui permettaient d’imaginer des « lieux à danser » imposants. Dans la pénombre, huit personnages perreauesques martèlent le sol jusqu’à l’ivresse, jusqu’à l’épuisement. Aux prises avec les aléas du quotidien, ils dansent la solitude, la confrontation, la fragilité. Différentes tensions s’installent entre les matériaux, les masses, les volumes, les configurations. Recréée dans sa forme originelle, à l’initiative de Laurence Lemieux — qui l’a dansée en 2002 — et de sa Compagnie de la Citadelle, Nuit exprime une vulnérabilité aussi troublante que souterraine. Une œuvre rare, d’une bouleversante beauté.