Au deuxième jour de la répression sanglante de la place Tiananmen, juste avant que des soldats du régime chinois ne forcent la porte de sa chambre d’hôtel, le photojournaliste américain Joe Schofield capture un morceau d’histoire : le moment où un homme seul se dresse devant la colonne de chars qui traverse Beijing. Son visage n’est pas visible; son identité et son sort demeurent un mystère. Immortalisée le 5 juin 1989, cette image captivera le monde. Vingt-trois ans plus tard, Joe Schofield apprend que le tank man est toujours en vie et qu’il se trouverait en Amérique. Mettant en péril sa carrière, ses relations et son éthique, il s’engage dans une quête obsessionnelle pour retrouver ce héros inconnu.
Chimerica explore les relations complexes et changeantes entre les États-Unis et la Chine, en tissant autour de ce morceau d’histoire iconique une trame fictive riche en rebondissements.
Écrite sur cinq ans, cette œuvre épique de la Britannique Lucy Kirkwood (Les enfants, 2020) nous fait voyager entre les continents et les époques, et met habilement en évidence les contrastes culturels entre les deux superpuissances. Elle interroge la vraie nature de l’héroïsme et ce qu’il en coûte à ceux et celles qui se battent pour leurs idéaux, quel qu’en soit le prix. Créée à Londres en 2013, Chimerica – contraction de « China » et « America » – a remporté cinq prix Olivier. « Si nous voyons une meilleure création théâtrale cette année, nous aurons beaucoup de chance! », lisait-on dans The Guardian. Cette histoire fascinante sera portée par une large distribution, dont la moitié est d’origine chinoise, et l’ampleur des dispositifs scéniques promet une expérience grisante.
« Dans Chimerica, un géant s’éveille et un géant s’endort. Or, un empire aime rarement laisser sa place à un autre… Pour raconter cette histoire, j’ai voulu m’entourer d’interprètes d’origine chinoise, parlant mandarin, pour ouvrir la discussion et nos perspectives. » — Charles Dauphinais, metteur en scène