Une saison haute en couleur pour Jonathan Cohen et les Violons du Roy
Crédit photo : Violons du Roy
Crédit photo : Violons du Roy
Philippe Couture - 4 septembre 2018

Une saison haute en couleur pour Jonathan Cohen et les Violons du Roy

De Glass à Händel en passant par Bach et Haydn, le chef britannique Jonathan Cohen a concocté pour Les Violons du Roy une saison montréalaise éclatante. Le réputé orchestre de chambre de Québec assurera cette année une présence remarquable à la Maison symphonique.

 

L’histoire d’amour entre les Violons du Roy et son nouveau directeur musical commence en octobre 2014 lors d’une tournée européenne. Cet automne-là, frappé par la maladie, le chef fondateur Bernard Labadie doit renoncer à diriger ses troupes en plein milieu de la tournée. Jonathan Cohen accepte spontanément de le remplacer, et c’est le déclic : une chimie se crée tout de suite avec les musiciens de Québec. « J’ai senti qu’on me laissait entrer dans une famille tissée serrée », dit le chef d’orchestre, notamment connu pour diriger son propre ensemble baroque, Arcangelo, et également associé au mythique ensemble Les Arts florissants, à Paris.

 

Aussi violoncelliste et claveciniste, Jonathan Cohen est épris du même répertoire baroque que Les Violons du Roy, qu’il connaît très intimement. Les critiques s’étonnent néanmoins que le chef de 41 ans, habitué à diriger des orchestres baroques jouant sur des instruments anciens, ait accueilli avec autant d’enthousiasme l’idée de diriger des musiciens jouant sur des instruments modernes. « Peu importe les instruments, dit-il, puisque les musiciens des Violons du Roy forment un ensemble exceptionnel. Le répertoire baroque est un espace de liberté formidable, particulièrement propice aux réinterprétations, et les Violons du Roy l’animent de leur propre souffle. J’adore cette opportunité de donner un son aussi actuel à cette musique. »

 

Une rencontre entre Glass et Händel

 

Avec Jonathan Cohen aux commandes, on peut donc s’attendre à une forte inventivité ! La preuve en sera faite dès le 29 septembre à la Maison symphonique, où le chef dirigera le contre-ténor Anthony Roth Costanzo dans un éclectique programme d’œuvres de Glass et de Händel. Le minimalisme contemporain de Philip Glass peut-il vraiment s’harmoniser aux compositions exubérantes de Händel ? Certainement !

 

 

« C’était l’idée d’Anthony, précise le chef d’orchestre, mais je dois avouer que cet alliage de moderne et de classique fonctionne à merveille. Je suis un grand fan de Philip Glass et la possibilité d’allier sa musique aux airs iconiques de Händel me réjouit. On tente de le faire de la façon la plus naturelle et la plus authentique possible. » Sur disque, en tout cas, la recette a bien pris : Jonathan Cohen et Anthony Roth Costanzo ont enregistré il y a quelques mois leur version de quelques œuvres de Glass et de Händel pour la prestigieuse étiquette Decca Gold d’Universal Music.

 

« Je suis un grand fan de Philip Glass et la possibilité d’allier sa musique aux airs iconiques de Händel me réjouit. On tente de le faire de la façon la plus naturelle et la plus authentique possible. »

 

La saison se poursuivra avec faste. Quelques semaines plus tard, au cœur de novembre, Bernard Labadie reprendra les rênes de l’orchestre pour une soirée consacrée à Mozart et Haydn, intitulée Bernard Labadie, cérémonie des Lumières.

 

Une première avec le chœur

 

Les Violons du Roy, c’est aussi le chœur La Chapelle de Québec, un ensemble vocal de premier plan en Amérique du Nord. Jonathan Cohen avoue se sentir excité comme un enfant à l’approche de son premier spectacle choral avec cette trentaine de chanteurs exceptionnels. Le 3 mars, avec la soprano Anna Lucia Richter, le ténor Allan Clayton et le baryton Thomas E. Bauer, le chœur s’attaque à La Création, de Haydn, sûrement l’un des plus grands chefs d’œuvre du 18e siècle.

 

« C’est un énorme défi d’interpréter cette œuvre profondément imaginative, qui évoque la création de l’univers et nous fait pénétrer de fascinants mondes cosmologiques », affirme le chef. Le défi est d’autant plus imposant que cette œuvre a été pensée par son compositeur en fonction d’un chœur à l’effectif quatre fois plus grand ! « On va en offrir une version plus personnelle. La Chapelle a tout à fait l’ampleur nécessaire », soutient Jonathan Cohen, confiant.

 

Et puisque cette saison ne se consacre qu’aux plus grands, elle ne pouvait s’achever qu’avec une interprétation de la Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach, dirigée par Bernard Labadie. « Cette œuvre, c’est en quelque sorte la synthèse magnifique de toute la vie de Bach, s’extasie le maestro. Il y a une réelle complétude dans cette musique qui a occupé Bach pendant près de 25 ans. Nous voulons en honorer le caractère sacré, tout en exacerbant son aspect jubilatoire. »

 

Un nouveau souffle ? Oui, mais dans un esprit de continuité. On ne change pas une formule gagnante.

 

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La saison complète des Violons du Roy à la Maison Symphonique :
Anthony Roth Costanzo chante Glass et Händel, le 29 septembre 2018 à 19 h 30
Bernard Labadie, cérémonie des Lumières, le 3 novembre 2018 à 19 h 30
Jonathan Cohen et La Création de Haydn, le 3 mars 2019 à 19 h 30
Messe en si mineur de Bach, le 11 mai 2019 à 19 h 30

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