Soleil Launière, force pekuakamiulnu créatrice
Dans les derniers mois, elle fut la première artiste autochtone à gagner les Francouvertes, en plus d’être nommée révélation Radio-Canada et de fouler les scènes des Francos à deux reprises. Mais, Soleil Launière est loin d’en être à ses débuts dans le milieu artistique... Plein feu sur cette artiste multidisciplinaire originaire de Mashteuiatsh, la communauté innue établie sur la rive ouest du lac Saint-Jean.
Son premier album aux sonorités soul roots, Taueu, est paru l’automne dernier. Il rassemble 15 titres mélangeant français, anglais et innu-aimun, langue autochtone qu’elle a perfectionnée auprès de la poète Joséphine Bacon dans un processus de passation de savoir. « J’ai pris un grand détour pour revenir à la musique, mais je pense que celui-ci m’a permis d'être plus ancrée, plus présente. Mon expérience dans les autres formes d'art a été mise à profit pour augmenter l'expérience musicale. »
En plus de la musique, Soleil Launière explore aussi la danse et le théâtre, un art de performance profondément lié à ses origines et aux traditions innues. Sur scène s’éclate une artiste de performance corps-voix, qui s’intéresse aux chants du monde, aux sons, à l’improvisation vocale ainsi qu’à l’interprétation physique. « J’ai besoin d’avoir le corps engagé pour avoir une présence totale. Ce n’est pas nécessairement de grands mouvements, c’est d’avoir une conscience totale de mon corps. J’ai l’impression de connecter avec d’autres choses que juste moi-même aussi, d’être plus grande que moi quand je rentre vraiment dans cet état d’esprit. »
Au théâtre, Soleil Launière a produit le spectacle Umanishish, mis en scène la pièce Courir l’Amérique, inspirée des livres de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, créé Sheuetamu — une production issue de la première résidence pour artiste autochtone à l’École nationale de théâtre du Canada — et elle a été interprète pour le théâtre Ondinnok, la première compagnie de théâtre francophone autochtone au Canada.
Soleil Launière exprime dans ses œuvres des rêves et des pensées qui tissent un riche univers inspiré des récits mythologiques de la création du monde, et habité par l’esprit sacré que la culture innue prête aux animaux. « Ce ne sont pas juste des inspirations, je pense, ce sont vraiment des visions. J’ai vu l’Orignal blanc. Comment est-ce que je décortique cette image-là? C’est là que peuvent se mêler mythologie et technologie, pour faire apparaître l’invisible. »
Comme pour la résidence à l’École nationale, Soleil Launière est devenue la première artiste autochtone couronnée aux Francouvertes. Il faut dire que ça fait seulement trois ans que les langues autochtones sont acceptées au concours. Il s’agit d’une occasion précieuse pour donner davantage de visibilité aux créations autochtones et pour favoriser la compréhension interculturelle. « C’est quelque chose de tracer le chemin, d’ouvrir les portes. J’espère continuer d’inspirer le plus de jeunes autochtones possible à créer et à croire qu’il y a une place pour eux. »
Les suggestions de Soleil Launière pour intégrer de l’art autochtone dans notre été
Aller la voir en spectacle à Joliette ce 21 juin, au Théâtre verdure ou au Jardin Botanique.
Musique : Kanen, Anachnid, Laura Niquay, Willows, Natasha Kanapé-Fontaine.
Lecture : Natasha Kanapé-Fontaine, Joséphine Bacon, Naomi Fontaine.
Arts visuels : Ana Klaus, Meky Ottawa.
Théâtre : Émilie Monnet.
Sortir : Innu Nikamu, le Pow-Wow de Mashteuiatsh.
