Seikotan (1978) - Rita Letendre

Crédit photo : Caroline Bergeron
Rita Letendre ne fut pas une des signataires du manifeste Refus global écrit par Paul-Émile Borduas et publié le 9 août 1948. Elle n’étudia pas non plus à l’École du meuble où enseigna ce peintre, mais à l’École des beaux-arts de Montréal où elle entra en septembre 1948.
Néanmoins, toute sa vie, elle fit référence à l’art du célèbre automatiste. Il faut dire qu’elle avait quitté au printemps 1950 l’École des beaux-arts après avoir été voir l’exposition des Rebelles montée par Jean-Paul Mousseau – un des élèves de Borduas – pour le groupe des automatistes. Un de ses professeurs lui avait pourtant déconseillé d’y aller, qualifiant de « fous » les artistes qui y exposaient! Elle s’y précipita et cela changea complètement sa pratique artistique. En 1954, elle participa d’ailleurs à La matière chante, dernière expo collective des Automatistes, organisée par Claude Gauvreau.
C’est donc Borduas qui montra le chemin de l’art non-figuratif à Rita Letendre. Au début, Letendre fit de la peinture gestuelle, puis à partir de 1966, elle s’engagea dans une abstraction géométrique post-automatiste et hard edge dont nous pouvons voir ici, à la Place des Arts, un exemple particulièrement significatif.
Le critique d’art Laurent Lamy, dans un article paru le 15 octobre 1966, décrit ainsi cette nouvelle production que l’artiste présentait alors à la galerie Agnès Lefort : des « triangles effilés, affûtés comme des lames ». Jean-Claude Leblond dans Le Devoir (16 mai 1978) explique que « ses œuvres récentes jouent avec […] un faisceau chromatique oblique » composé « d’une gamme de couleurs pure et vibrante ». Cette œuvre intitulée Seikotan fait partie de ces tableaux qui sont comme des flèches et qui pourraient sembler une forme de détournement, une amplification de la structure de la perspective linéaire que les artistes utilisèrent au moins depuis la Renaissance. Il y a dans l’œuvre de Letendre à cette époque comme une forme de rayonnement spatial futuriste, une évocation de l’immensité du monde et même de l’espace. En 2016, à la journaliste Josianne Desloges du journal Le Soleil qui lui demandait comment elle souhaitait que l’on se souvienne d’elle, elle répondit d’ailleurs, « comme étant un peintre qui exprime l’univers ».
Comme nous l’a expliqué Wanda Nanibush, conservatrice à la Art Gallery of Ontario et experte de l’œuvre de Letendre, cette artiste d’origine abénaquise par sa mère, donnait souvent des titres originaux à ses œuvres allant même jusqu’à inventer des mots ayant des sonorités évoquant des cultures indigènes. Ici, le mot Seikotan veut certainement faire référence à la culture japonaise. Une autre manière pour le Letendre d’ouvrir ses œuvres à l’immensité du monde, celle de ses cultures.
Seikotan (1978)
Rita Letendre (1928- )
Don d’un groupe de collectionneurs montréalais

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