Sans titre (1967) - Jean Cartier et Richard Poirier

Article

Crédit photo : Caroline Bergeron

 

La Place des Arts n’a jamais hésité à commander des œuvres d’art novatrices et s’est toujours voulue un lieu symbolisant la Modernité du Québec. Au théâtre Maisonneuve, le Rideau de Lumière, couleur du temps de Micheline Beauchemin, composé de 280 000 petits blocs d’acrylique, en est un exemple. Cette murale abstraite faite en terra-cotta de couleur réalisée par Jean Cartier et Richard Poirier en est paradoxalement une autre illustration.

 

On pourrait croire que, dans les années 1960, l’abstraction ne représentait plus un art « dangereux » comme il avait pu l’incarner une dizaine d’années plus tôt lorsque Paul-Émile Borduas écrivit son Refus global. Ce n’était pas tout à fait le cas... Rappelons que le directeur artistique du métro de Montréal – qui fut inauguré en 1966 –, l’artiste et caricaturiste Robert LaPalme, avait interdit toute œuvre abstraite dans ses diverses stations.

 

La fin des années 1960 et le début des années 1970 représentent une époque faste pour Jean Cartier. Lors d’Expo 67, il élabore une fontaine-sculpture futuriste intitulée La Giboulée, œuvre qui, de nos jours, est malheureusement extrêmement détériorée. En 1968, pour le métro Papineau, il réalise la murale Les Patriotes de 1837-1838, faite d’un acier émaillé qui renouvelait l’art traditionnel des émaux sur cuivre ou sur bronze. De 1970 à 1974, il est le designer principal de Céramique de Beauce. Il insuffla un look avant-gardiste aux services de vaisselles et aux vases fabriqués par cette entreprise, en lien avec le design italien et scandinave. Il faut dire qu’en 1959, Cartier avait étudié à l’École des arts appliqués de Stockholm.

 

Cartier a très souvent voulu interpréter des matériaux traditionnels dans une perspective moderniste. Ici, une mosaïque de formes organiques évoque à la fois les arts dits primitifs et l’art d’un Paul Klee, une structure mécanique faite de boulons et de vis ainsi que les vitraux et céramiques art nouveau de l’architecte Antonio Gaudí. Cette œuvre n’est d’ailleurs pas sans faire penser à L’Hommage à Gaudí (1963) de Jordi Bonet, œuvre placée dans la salle Wilfrid Pelletier, et qui, elle aussi, a su faire le pont entre les arts traditionnels et le monde moderne.

 

Sans titre (1967)
de Jean Cartier (1924-1996)
et Richard Poirier
Situé au Théâtre Jean-Duceppe

Date : 2 janvier 2018

Magazine culturel

Voir tout
Les incontournables du Festival du Monde Arabe

Du 31 octobre au 16 novembre 2025, la Place des Arts vibre au rythme de la 26e édition du Festival du Monde Arabe de Montréal (FMA)

Article Recommandations Événement
Novembre à la Place des Arts : des retours attendus

Le mois de novembre s’annonce chargé à la Place des Arts! De grands noms et des spectacles incontournables reviennent enflammer nos scènes. Si vous cherchiez un antidote à la déprime saisonnière: une programmation riche.

Article Recommandations Spectacle
Sur le chemin des incendies Paul Piché : encore brûlant d’actualité

Ce n’est pourtant pas par effet de mode que Paul Piché a décidé de revisiter Sur le chemin des incendies; c’est plutôt grâce au succès inattendu d’une première mouture virtuelle durant la pandémie, suivie d’une tournée fort bien accueillie par le public.

Article Entrevues Spectacle
Mot pour mots avec Etienne Béchard | Place des Arts
Mot pour mots avec Etienne Béchard

Le chorégraphe visionnaire Etienne Béchard marie habilement danse classique et actuelle pour offrir une interprétation renouvelée de Blanche-Neige, le célèbre conte des frères Grimm. Il s'est prêté au jeu du Mot pour mots!

Vidéo Entrevues Artiste
Dans la loge avec Yannick Nézet-Séguin | Place des Arts
Dans la loge avec Yannick Nézet-Séguin

Toujours dans ses valises entre Montréal, New-York et Philadelphie, le chef d'orchestre et directeur artistique nous a ouvert les portes de sa loge de la Maison symphonique, lors du lancement de la saison 2025-2026 de l’Orchestre Métropolitain.

Vidéo Entrevues Artiste