Que nous réserve la saison 2018-2019 de l'Opéra de Montréal?
La grande qualité des œuvres de l’Opéra de Montréal a fait sa renommée en Amérique du Nord. Cette année encore, la programmation de la prochaine saison annonce de mémorables moments lyriques. Michel Beaulac, directeur artistique, nous commente sa sélection.
« On trouve à Montréal la plus importante offre artistique per capita en Amérique. Le public montréalais a donc des attentes très élevées envers la qualité des œuvres, ce qui nous force à l’excellence », dit d’emblée Michel Beaulac.
Sans jamais faire de compromis sur celle-ci, le directeur artistique s’est donné comme objectif, saison après saison, de présenter une programmation variée sur le plan des thèmes, du genre de musique, des époques, des langues et des compositeurs. « Je prends toujours soin de programmer au moins une œuvre contemporaine » se réjouit Michel Beaulac. Celui-ci se fait également un devoir de mettre en valeur le talent des interprètes et des compositeurs canadiens.
« Je suis dans la salle à chacune des représentations afin de sentir l’écho du public », dit celui qui prend plaisir à faire découvrir aux spectateurs les classiques contemporains de demain.
Des productions d’envergure présentées à la Place des Arts
Rigoletto (15, 18, 20 et 22 septembre 2018)
Cet opéra inspiré du drame Le roi s’amuse de Victor Hugo, composé par l’éminent Giuseppe Verdi au 19e siècle, est un classique italien. L’Opéra de Montréal a choisi d’innover en y faisant figurer deux grands chanteurs canadiens : James Westman, dans le rôle du père Rigoletto, et Myriam Leblanc, dans celui de sa fille. « Ce sera la première fois qu’une Montréalaise assure le rôle très difficile de Gilda, dit Michel Beaulac. Qui plus est, l’histoire de ce grand opéra est accessible, et la musique, irrésistible ! »
Das Rheingold (L’Or du Rhin) (10, 13, 15 et 17 novembre 2018)
Pour une première fois en plus de 20 ans, l’Opéra de Montréal présente l’univers mythique du premier volet de la tétralogie du compositeur allemand Richard Wagner, un opéra qui a inspiré Tolkien pour écrire Le Seigneur des anneaux. « Cette œuvre magistrale a été dirigée par une nouvelle production américaine. La mise en scène de ce grand classique a conséquemment été bouleversée, notamment par une représentation audacieuse du Rhin qui coulera directement dans la fosse d’orchestre », dit Michel Beaulac. Le talent canadien sera mis à contribution — dans sept des rôles réputés comme corsés de cet opéra allemand.
Champion (26, 29 et 31 janvier et 2 février 2019)
L’un des plus grands jazzmen de notre époque, le trompettiste Terence Blanchard, raconte dans cet opéra contemporain l’histoire d’Emile Griffith, un champion de boxe tristement célèbre dans les années 1960 pour avoir frappé mortellement son adversaire dans l’arène. La performance évoquera sans détour la bisexualité du boxeur en explorant une bouleversante histoire d’amour interdit. « Il s’agira d’une œuvre de très haut calibre réunissant jazz et opéra, dit le directeur artistique. On a aussi fait appel à un gospel qui participera au chœur, dont la moitié des membres sont afroaméricains. » L’Opéra de Montréal fait ainsi le pari que les amateurs du jazz de la métropole sauront découvrir l’opéra grâce à cette œuvre rassembleuse. Et disons-le d’emblée, ce n’est pas tous les jours qu’une scène d’opéra revêt les apparences d’une arène de boxe !
Carmen (4, 7 9 et 11 mai 2019)
L’Opéra de Montréal présente le célèbre opéra pour la première fois en 10 ans, dans une toute nouvelle mise en scène du cinéaste Charles Binamé, une première pour le réalisateur de Maurice Richard et d’Eldorado. « J’ai toujours été touché par la sensibilité de ses films et par le côté lyrique de ses images : j’y sentais les qualités d’un grand metteur en scène d’opéra », dit le directeur artistique, qui n’a pas hésité à proposer l’idée au cinéaste. Le grand classique version Binamé sera joué par des talents canadiens, dont plusieurs à leurs débuts.
« La thématique de l’amour est omniprésente en opéra – la musique permet aux spectateurs et aux compositeurs de communiquer ce qui va au-delà des mots. Y a-t-il je t’aime plus puissant d’authenticité que celui exprimé sur une mélodie extraordinaire ? » conclut le directeur artistique de l’Opéra de Montréal.