Poste d’écoute – dans les univers de Bilodeau, Larose, Pien-Picard et Cassidy
Philippe Couture - 15 octobre 2021

Poste d’écoute – dans les univers de Bilodeau, Larose, Pien-Picard et Cassidy

Émile Bilodeau est un gars d’équipe. Il ne s’est donc pas fait prier lorsque la Place des Arts lui a proposé de partager la scène avec des artistes qu’il chérit pour une soirée Carte blanche colorée par… à la Cinquième Salle. Avec Scott Pien-Picard, Thierry Larose et Lou-Adriane Cassidy, il prépare toute une fête. On se met dans l’ambiance avec cette liste d’écoute où leurs voix se croisent.

 

Émile Bilodeau chante l’amour et l’amitié, l’engagement social et le Québec en pleine crise sociale et écologique. Pourtant, il ne bascule pas dans le désespoir, enchaînant plutôt les chansons au rythme guilleret. Ses invités, ravis de se prêter avec lui au jeu de cette formule imaginée par Monique Giroux, lui ressemblent et le complètent bien. De l’indie pop inventif à la chanson innue contemporaine, en passant par le folk rock carnavalesque, la soirée s’annonce éclectique.

 

 

 

 

Émile Bilodeau, capitaine du navire

 

Plus il évolue, plus Émile Bilodeau affine son regard sur le monde et embrasse une saine indignation. Les paroles de ses chansons, à la fois trempées dans l’actualité brûlante et tutoyant les grandes émotions universelles, sont rassembleuses et généreuses. Il les chante avec le désir de réparer un peu le monde, se faisant le digne représentant de l’éveil sociopolitique de sa génération. Les sujets ne sont pas toujours joyeux, mais l’interprète garde toujours sa bonne humeur, même quand il s’agit d’évoquer des bouleversements plus intimes : peines d’amour ou amitiés en déroute. Musicalement, on aime le suivre entre folk pop et arrangements orchestraux ambitieux.

 

Dans « La jungle du capital », chanson engagée tirée de son plus récent album, Petite nature, il pourfend les inégalités sociales et écorche les requins de la finance.

 

 

 

 

Sur l’album précédent, Grandeur mature, il exposait son talent de conteur et son plaisir à faire vivre des personnages dans la chanson « Candy ».

 

 

 

 

Thierry Larose, roi de l’intimité

 

Sa voix qui sait se faire haut perchée ou feutrée s’enrobe de sonorités atmosphériques, de pianotés vibrants ou de riffs de guitare délicats. Thierry Larose, révélation des Francouvertes 2019 et lauréat du prix de la chanson SOCAN 2021, dessine sur son premier album, Cantalou, un univers mélodieux et tendre, où l’émotion est reine. Ses chansons vous déchirent le cœur avec leurs textures veloutées et leurs paroles imagées ou à fleur de peau.

 

« Les amants de Pompéi », sans aucun doute sa chanson la plus connue, rappelle tantôt les meilleures heures d’Arcade Fire et de Malajube, tantôt le son atmosphérique britannique, tantôt encore les élans de la pop orchestrale (dans sa finale chorale).

 

 

 

 

Dans « Chanson pour Bérénice Einberg », Thierry Larose s’adresse à l’héroïne du roman L’avalée des avalés, de Réjean Ducharme, ou plutôt à sa « langue et [son] cœur en berne », et joue à l’amoureux transi.

 

 

 

 

Lou-Adriane Cassidy, l’amour et le désir

 

Est-ce du folk? de la néochanson française ponctuée d’élans carnavalesques et de ludisme bon enfant? de la chanson québécoise teintée de grunge, de cuivres jazzy et de couleurs rétro? Lou-Adriane Cassidy, c’est un peu tout cela à la fois. C’est aussi une autrice-compositrice-interprète dont les chansons parlent d’amour avec un brin de folie et évoquent l’érotisme sur un ton joyeux.

 

Dans « La fin du monde à tous les jours », elle use de sa voix chaude, de vives notes de piano et de cordes mélancoliques pour raconter un monde qui va mal, mais dans lequel on continue d’espérer.

 

 

 

 

Plus festive, la chanson « Réponds » est tissée d’exubérance, de jovialité et d’onirisme, avec ses guitares enjouées et son orchestration en mode fanfare.

 

 

 

 

Scott Pien-Picard, à la gloire de l’innu

 

Nouveau chanteur-vedette de la scène innue d’ici, Scott Pien-Picard est né et a grandi à Uashat mak Mani-utenam, d’où sont originaires de nombreux artistes autochtones qui ont fait leur marque ces dernières années, comme Matiu, Kanen, Shauit ou Maten. Son style, résolument pop rock, s’inscrit aussi dans l’héritage de Kashtin, légendaire groupe innu des années 1990. Surtout, il est l’un des rares artistes à chanter presque entièrement en innu.

 

Dans sa chanson la plus populaire, « Atikamekw-Innu », Scott Pien-Picard célèbre l’amitié unissant les nations atikamekw et innues.

 

 

 

 

Avec la chanson « Ni Puamunan », qu’il a composée lors de la résidence de création artistique Nikamu mamuitun (Chansons rassembleuses) en 2017, l’auteur-compositeur-interprète a créé une autre mélodie accrocheuse et pleine d’aplomb.

 

 

 

 

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