Nicolas Ellis : un jeune chef qui n’a pas fini d’éblouir
Le 9 juillet prochain, Nicolas Ellis dirigera le concert de gala du 60e Concours de musique du Canada-Canimex à la Place des Arts. Lumière sur le parcours de ce jeune prodige qui a le vent dans les voiles.
Né de parents musiciens, vous avez rapidement appris le piano dans votre Chicoutimi natal. Pourquoi cet instrument en particulier ?
Disons que j’ai grandi dans un environnement propice à l’apprentissage de la musique ! Mes parents, qui sont musiciens pour le Quatuor Saguenay, ont voulu que j’apprenne un instrument pour toutes les bonnes raisons : parce que c’est positif, parce que c’est amusant et parce que ça fait souvent toute la différence dans la vie d’un enfant. C’est le piano qui m’a naturellement attiré, dès le plus jeune âge, pour des raisons que je m’explique mal. Ces choses-là sont mystérieuses. Mais comme j’étais aussi un enfant qui aimait beaucoup jouer dehors, les longues heures de pratique du piano ne me plaisaient pas toujours. Ça a vraiment été un apprentissage progressif, et j’y ai mis davantage de sérieux à l’adolescence en fréquentant le conservatoire.
En quoi le piano, que vous avez aussi étudié au baccalauréat à l’Université de Montréal, vous a-t-il préparé à une carrière de chef d’orchestre ?
C’est un instrument polyphonique, avec lequel on peut jouer soi-même tout le registre symphonique. J’ai toujours aimé faire des réductions orchestrales au piano, faire entendre plusieurs mélodies à la fois. Le piano ne m’a toutefois pas donné l’expérience du violoniste ou du clarinettiste, à laquelle un chef d’orchestre doit être très sensible. J’ai dû acquérir ces connaissances.
D’où est venue l’étincelle pour le métier de chef d’orchestre ? Comment vous êtes-vous peu à peu approprié ce rôle ?
Ça s’est fait petit à petit à l’université, au fil des projets avec de nombreux amis musiciens. Les occasions d’agir comme chef se sont multipliées, alors que mon intérêt pour la musique orchestrale ne cessait de grandir. C’est un cheminement qui s’est fait naturellement au départ, puis j’ai mis les bouchées doubles pour faire advenir ce destin.
«Il faut que la musique soit accessible à tous ; elle rend la vie meilleure.»
Des mentors, comme Jean-François Rivest et Yannick Nézet-Séguin, vous ont ouvert la voie. Comment vous ont-ils inspiré ?
À l’Université de Montréal, observer Jean-François Rivest travailler a été ma première initiation au métier. Il a une conception très détaillée de chaque œuvre ; chaque note a été examinée et longuement réfléchie, il a une grande conscience de la gestuelle, une technique irréprochable. J’ai aussi toujours admiré le travail de Yannick Nézet-Séguin, qui maîtrise différents répertoires et qui a toujours des idées neuves, tout en laissant à ses musiciens une grande liberté d’interprétation. Il est à l’écoute de ce qui se passe, ancré dans le moment présent. Je tente de cultiver toutes ces qualités. Je pense que je suis un chef préparé, intellectuellement rigoureux mais flexible, capable de s’adapter à ce qui se produit dans l’instantanéité du concert.
Vous êtes un chef engagé, notamment au sein de l’Orchestre symphonique de l’Agora dont les concerts servent à amasser des fonds pour différentes causes. La musique est-elle toujours une forme d’engagement, à votre avis ?
Absolument. La musique et les arts ont un pouvoir social, notamment parce qu’ils peuvent rassembler les communautés. Je crois aussi beaucoup au pouvoir de la musique pour nous connecter à nos émotions et pour nourrir notre quotidien, à une échelle tant individuelle que collective. Avec l’Orchestre, dans nos différents ateliers ou lors de nos activités dans les écoles, on voit bien que la musique est un bienfait dans la vie des jeunes issus de communautés difficiles. Il faut que la musique soit accessible à tous ; elle rend la vie meilleure.
Que représente pour vous le Concours de musique du Canada-Canimex dont vous dirigerez la grande finale nationale le 9 juillet ?
Les lauréats du concours auront la chance de jouer avec l’Orchestre métropolitain à la Maison symphonique, ce n’est pas rien ! Mais ce que j’aime particulièrement de ce concours, auquel j’ai souvent participé et que j’ai déjà remporté, c’est son pouvoir fédérateur. Autour de chacun des candidats se créent des groupes de supporteurs, et ça rassemble les gens dans leur communauté, dans chaque région. Et ça, c’est beau !