Maurin Auxéméry
Stéphane Desjardins - 2 juin 2023

Maurin Auxéméry : nouvelle garde pour les Francos et le FIJM

Le nouveau directeur de la programmation des Francos et du Festival international de jazz de Montréal, nommé en mars 2022, dit occuper son poste de rêve.

 

Maurin Auxéméry est né et a grandi à Marciac, une petite ville du Gers, à l’ouest de Toulouse; une ville surtout connue pour son… festival de jazz de stature internationale. 

 

« Oui, je suis né dans une ville de jazz, confirme-t-il. Ce genre musical fait donc partie de mes racines. Mon père l’adorait. Le festival, c’était un rendez-vous pour mes amis et ma famille. J’y ai vu de grandes stars comme Wynton Marsalis, Nina Simone, Dee Dee Bridgewater, Michel Petrucciani, Ray Charles. Ça marque. Mon parcours personnel se définit un peu par mes accointances avec le jazz. » 

 

Conséquemment, il se pince presque d’avoir la chance d’être aux commandes de la programmation du plus grand festival de jazz au monde : « Oui, c’est mon job de rêve, confie-t-il. Je travaille dans ce domaine depuis mes 20 ans, dont dix au sein de l’équipe de programmation de Spectra. » 

 

Maurin Auxéméry considère en outre l’autre grand événement produit par Spectra, les Francos, comme une prouesse. Il se réjouit du fait que cette langue si riche, complexe et créative, soit vivante malgré les menaces perpétuelles. « On a des craintes pour la protection du français, qui est un combat important, reprend-il. Mais il y a des signes encourageants, qui montrent la richesse et le dynamisme de notre culture. Il y a quelque chose de complètement fou à organiser un festival de 300 spectacles en français en Amérique du Nord. » Programmer les Francos est un terrain de jeu fantastique, considère-t-il. Tous les styles, tous les genres y sont représentés. 

 

Découvrir 

Mais le pain et le beurre de tout programmateur de festival, c’est la découverte ou la valorisation de talents émergents.  

 

« Tant pour le jazz que pour les Francos, même si ce sont deux univers différents, on cherche à être des découvreurs et même des accélérateurs de tendances, dit-il. Notre plus grande fierté, c’est de révéler un artiste avant tout le monde. On est comblés lorsqu’une personne qui a fait ses débuts, ou presque, à Montréal devient une vedette planétaire. Et c’est arrivé souvent! » 

 

Maurin Auxéméry travaille avec une équipe de sept personnes, ayant toutes travaillé dans l’industrie de la musique, en techno, en gérance, en relations publiques ou en agence de spectacle. 

 

« Pour faire ce métier, tu dois avoir les yeux, les oreilles et les mains dans la musique », affirme celui qui, avant Spectra, a travaillé pour une maison de disques, dans quelques festivals, et qui a aussi fait tourner des artistes. « On devient programmateur après avoir vécu l’école de la vie et l’industrie de la musique. » 

 

Maurin Auxéméry travaille avec ses sensibilités. Il jauge continuellement les styles, les genres, les artistes, les tendances. « C’est un métier d’équilibriste : on veut que les artistes et leurs communautés se rencontrent devant et sur scène, dit-il. Je note que les Francos occupent une place spéciale pour les artistes, dont certains y offrent le show de leur vie. » 

 

Un reflet de la société 

Maurin Auxéméry doit aussi éviter que les spectacles gratuits et payants ne se nuisent en présentant le même soir un Pat Metheny dehors, et un Herbie Hancock à l’intérieur. Et il faut doser l’équilibre entre les gros noms et les inconnus. 

 

Ainsi, du côté des Francos, certains artistes sont de véritables célébrités dans leur milieu ou leur culture, mais ne tournent pas à la radio d’ici. « Néanmoins, on sait qu’ils attireront 100 000 personnes, parce que leur esthétique musicale est proche de nous. On essaie ainsi d’être représentatif de Montréal, qui est une ville incroyablement diversifiée. » 

 

La musique reflète la société, poursuit-il. « Elle est de plus en plus fluide, comme les gens. » Les artistes voyagent, explorent des cultures et des genres divers. Selon lui, le jazz a ainsi cessé d’être élitiste ou obsédé par la tradition. C’est un genre essentiel. « Il a une histoire si forte dans la revendication, dans la libération. C’est une musique protéiforme. Les personnes qui affirment ne pas aimer le jazz n’ont simplement pas encore fait la connaissance avec le jazz qui leur convient. » 

 

Découvrez la programmation des Francos de Montréal et du Festival International de Jazz qui aura lieu à la Place des Arts.

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