Margie Gillis
Crédit photo : Damian Siqueiros
Crédit photo : Damian Siqueiros
Philippe Couture - 22 janvier 2024

Margie Gillis : 50 ans à danser l’essence humaine 

Après 50 ans de carrière, la grande interprète et immense chorégraphe montréalaise Margie Gillis transmet son répertoire à une nouvelle génération au sein du grand projet Héritage. Regard sur une vie à danser dans un esprit de « connexion avec la nature humaine ». 

  

« Margie Gillis est une véritable icône. » C’est Pierre Des Marais, directeur artistique et général de Danse Danse, qui la décrit ainsi spontanément. Avec ses longs cheveux blonds qui tourbillonnent ainsi que sa gestuelle fluide et sa présence magnétique, l’interprète des mythiques spectacles Waltzing Matilda (1978), Bloom (1989) et Voyage (1997) occupe une place unique dans le paysage de la danse contemporaine au Québec, au Canada et dans le monde. « C’est aussi une interprète connue pour ses partitions en solo, qui arrive comme aucune autre à captiver l’auditoire de 1 400 personnes du Théâtre Maisonneuve », ajoute Pierre Des Marais. 

 

« Toute sa vie, elle a puisé avec panache dans la littérature et dans la culture anglo-saxonnes », raconte l’ex-critique de danse Stéphanie Brody, qui a écrit à son sujet à maintes reprises dans le quotidien La Presse. « De James Joyce à Leonard Cohen, en passant par Tom Waits, elle danse [des] textes [d’auteurs] et les sublime. Elle a ce mélange de force et de vulnérabilité. Son solo sur le soliloque intérieur de Molly Bloom en était particulièrement représentatif. Un moment inoubliable pour tout spectateur y ayant assisté. » 

 

Danser pour l’âme 

 

On la dit « envoûtante », « sauvage », « en fusion avec la nature ». Ces qualificatifs lui font plaisir. Toute sa vie, elle dit avoir tenté de donner corps à une danse introspective qui est branchée à l’essence de l’âme humaine pour également toucher à l’ancestral et à l’organique. « L’humanité, le rapport à la nature et la conscience du féminin sont les grandes lignes de mon travail. J’essaie par ma danse de toucher des choses très profondes en moi, pour que ça permette de toucher aussi une vérité au sujet de l’environnement qui nous entoure. Je cherche à atteindre la qualité du geste, pour atteindre une pureté et une vulnérabilité profondes. Grâce à cette qualité d’introspection, je suis aussi en connexion avec la profondeur et avec l’ancestral de ce qui nous entoure : non seulement les autres êtres humains, l’environnement immédiat, mais aussi la nature sauvage, la forêt, la terre. » 

  

Danser son époque 

 

En solo ou en tant que chorégraphe de grosses pièces de groupe, elle a évoqué montagnes et rivières à l’aide d’une gestuelle parfois simple, mais peaufinée et fignolée jusqu’à révéler une passionnante complexité. On pourra le constater à nouveau, dans un nouvel écrin chorégraphique et avec de nouveaux interprètes, dans le spectacle Littérature du corps, à voir au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts les 9 et 10 février. 

 

Dans la première partie, anciennes pièces et nouvelles chorégraphies s’allient pour poser un regard saisissant sur la réalité des changements climatiques. Dans la deuxième partie, des extraits de Bloom et d’autres œuvres nous font plonger dans l’univers de James Joyce. 

 

De quoi confirmer la pertinence renouvelée du répertoire de Margie Gillis, dans lequel l’urgence climatique était évoquée bien avant que le sujet ne devienne une préoccupation généralisée. Une danse bien de notre époque, enracinée dans la scène montréalaise depuis 50 ans. « Je suis très fière d’être une artiste québécoise, conclut cette artiste anglophone dans un français souriant. Je crois que ma sensibilité aux textes anglo-saxons et l’univers francophone dans lequel j’ai baigné toute ma vie à Montréal ont été vraiment constitutifs de mon travail. »

 

Découvrez l'ensemble de la programmation proposée par Danse Danse à la Place des Arts ici.

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