Les shows Queer : les soirées qui changent la face de l’humour!
Depuis sa création pour le Zoofest 2022, le show Queer en a fait du chemin à travers le Québec et dans le domaine de l’humour! Et voilà que le concept s’installe à la Place des Arts dans le cadre de la série de spectacles Les Soirées à la Salle Claude-Léveillée. Rencontre avec Joëlle Prud’homme, l’initiatrice et animatrice de ces soirées uniques pour leur ouverture et la liberté qui s’en dégage.
Depuis quand fais-tu de l’humour?
Joëlle Prud’homme : « L'humour, c’était mon petit rêve de jeunesse. J’ai tout orienté mes choix de jeunesse pour ça, j'ai fait du théâtre, de l'improvisation, j'ai étudié en cinéma au cégep. Je suis rentrée à l'École nationale de l'humour à 19 ans et j'ai gradué en 2020, une année plutôt difficile pour la scène en général... On est sorti de l’école et les salles étaient fermées, j’ai donc développé mon côté comédienne. Puis, je suis retournée vers la scène, c'est ce que j'aime le plus. J'ai eu la chance d'être à la chronique au Bordel Comédie Club. J'ai eu mes propres soirées d'humour et finalement le show Queer, mon plus gros projet en carrière jusqu'à maintenant. »
Comment est né le projet?
J.P.: « En faisant des recherches pour proposer un spectacle au festival Zoofest, j'ai réalisé qu'il n'y avait pas encore de show queer au Québec. Pas que je voulais en organiser un, je ne me sentais pas assez connue, pas assez queer, comme s'il y avait un diplôme là-dedans... J’avais le syndrome de l'imposteur, mais j'ai quand même proposé cette idée au festival. La réponse a tellement été positive, j'ai dit, OK, il faut qu'on porte ce projet-là plus loin. »
Qu'est-ce que c'est, un show Queer?
J.P.: « C'est tout simplement un spectacle où 100% des artistes sur scène s'identifient comme faisant partie de la communauté LGBTQIA2S+. Ce n'est pas un thème, ni un sujet, ça n'oblige pas le public à faire partie de la communauté. Je ne savais pas ce que ça allait créer, mais c'est vite devenu un “Safe Space”. Les artistes peuvent commencer leur numéro sans introduction, parler de ce qu'ils veulent, ce qui leur permet d'aller chercher beaucoup plus de vulnérabilité sur scène, parce qu’yiel se sentent déjà acceptés. Ça amène l'ambiance complètement ailleurs! »
Peux-tu nous présenter les gens qui vont participer aux deux premières éditions à la Place des Arts ?
J.P.: « Ces humoristes sont des coups de cœur des shows Queer! D’abord, le 12 octobre Mona de Grenoble, la matante de l'humour comme elle s'appelle elle-même, c'est quelqu'un qui met le party dans la place, elle va chercher tout le monde. Coco Béliveau, c'est quelqu'un qui est tellement authentique, qui va raconter sans gêne les côtés les plus laids d'elle-même tellement que tu as l'impression que c'est ta meilleure amie qui te parle. Jess Chartrand qui est une maître de l'écriture humoristique, elle a une plume super efficace et super drôle.
Le 2 novembre, il y a Charlie Morin qui était un “podcasteur” à la base, qui a longtemps fait le podcast 2 fxfs le matin. Sur scène, il a une énergie qui occupe tout l’espace, c'est quelqu'un qui parle aux gens, qui s’assume tellement que ça fait du bien le voir sur scène. On a Sam Cyr et son côté super vulnérable, il raconte des histoires où tu as envie de lui faire un câlin, puis, après ça, tu ris à en pleurer. Finalement, Tranna Wintour, c'est celle qui a le plus joué sur le show. Son côté calme, son talent de raconteuse et son énergie complètement différente et efficace, ça donne toujours des soirées de haut niveau! »
Qu'est-ce que ça représente pour toi, pour vous, de vous retrouver à la Place des Arts?
J.P.: « C'est un immense privilège d'avoir accès à une aussi belle salle intime, mais surtout, je trouve que c'est un immense pas pour la communauté de faire un spectacle qui se veut inclusif dans une place professionnelle, ça prouve qu’il y a de la place pour ce genre de contenu. Je trouve que c'est un beau balancier à la crise politique qu'on vit en ce moment dans la communauté queer. »
Est-ce que tu trouves que l'humour queer québécois a le vent dans les voiles ou est en retard sur le reste du monde?
J.P.: « C'est beau à voir le progrès qu'on a fait c’est 10 dernière années, mais il y a toujours place à l’amélioration. L'humour qu’on a connu au Québec et un peu partout dans le monde, c'est un point de vue majoritairement masculin, hétérosexuel, souvent blanc. Que les gens se rendent compte que ce n’est pas moins drôle cette nouvelle vision du monde et de la diversité, ça me rend vraiment optimiste pour l'avenir. »
Comment l'identité queer se manifeste sur une scène ?
J.P.: « Dans 100% des spectacles queer auxquels j'ai assisté, il y a un facteur énormément rassembleur et pas du tout polémique. Il n'y a pas plus accueillant que des spectacles queer, on accepte tout le monde. Les humoristes ne sont pas stressés, puisqu’yiel ne seront pas bousculés dans leur identité, ce qui leur donne une grande liberté. Ce sont mes soirées préférées! »