La scène cachée - Boussaroque en prestation
Le saviez-vous? La Place des Arts a une scène cachée… elle erre de salon en salon, de chambre en chambre, de balcon en balcon pour que les artistes confinés puissent partager avec nous leur talent comme ils l’auraient fait dans nos salles.
La chanteuse, danseuse, compositrice et arrangeuse québécoise Ingried Boussaroque a bien plus d’une corde à son kantele. Cette multiinstrumentiste, grande voyageuse et amoureuse de la musique traditionnelle partage son temps entre le Québec et l’Écosse, où elle a appris le gaélique et assemblé un répertoire mêlant les deux cultures. Avec son groupe Boussaroque, qui reprend ce répertoire aux racines celtiques agrémenté d’influences jazz, électro et classique, Ingried Boussaroque devait donner un atelier de danse dans le cadre du Printemps écossais. Ils ont plutôt foulé la scène cachée pour nous interpréter un mélange de trois pièces musicales !
Vous êtes la leader du groupe Boussaroque; comment décrire son style?
J’y joue avec trois musiciens : Mario Giroux, François Pelletier et Dominique Laguë. Notre style est très traditionnel et « musique du monde », avec un mélange de culture québécoise, écossaise, irlandaise et nord-américaine bluegrass. Nos arrangements sont assez éclatés ; nous n’avons pas peur de faire appel au jazz, par exemple. L’un des musiciens est un beatboxer, ce qui nous confère une petite touche électronique moderne.
Vous jouez vous-même de nombreux instruments, de la flûte à bec à la mandoline, en passant par le piano. Mais vous maîtrisez aussi des instruments plus insolites, comme le nay et le kantele… De quoi s’agit-il ?
Ce sont des instruments que j’ai apprivoisés au fil du temps avec les groupes dont j’ai fait partie. Le nay est une flûte en bambou traditionnelle arabe, tandis que le kantele est une sorte de harpe finnoise. Une fois qu’on en maîtrise un, c’est assez facile d’apprendre les autres, car ils sont similaires.
D’où provient votre passion pour la musique et la tradition celtique, plus précisément ?
Je fais de la musique depuis que j’ai trois ans. J’ai d’abord appris le violon et le piano, puis le chant. C’est lors d’un voyage en Scandinavie que je suis tombée amoureuse de la culture « trad » et de l’esprit de communauté et de partage qui y est relié. J’ai formé un groupe avec une Danoise et un Écossais, et nous sommes partis en tournée au Québec, au Danemark et en Écosse, mélangeant nos trois cultures et traditions musicales. Puis, il y a cinq ans, j’ai obtenu une bourse du Conseil des Arts et des Lettres du Québec pour étudier le chant gaélique. Maintenant, j’y vis la moitié du temps !
Vous avez donc un pied au Québec, l’autre en Écosse. Qu’est-ce qui distingue ces deux pays d’un point de vue artistique ?
Les Écossais sont peut-être un peu plus proches de leur culture, au sens où les danses et la musique traditionnelles sont encore enseignées dans les écoles. Ce patrimoine est bien vivant et il est plus intégré qu’ici à la vie de tous les jours, en particulier hors des grandes villes.
Et quelles sont les similarités entre ces cultures ?
Comme au Québec, où l’on tient au français, les Écossais sont très attachés au gaélique ; cette langue est liée à leur identité. Les veillées de danse traditionnelle du Québec et sont assez semblables aux cèilidh écossaises : ce sont des soirées où la communauté se retrouve pour chanter et danser. Aussi, la musique québécoise s’est nourrie d’influences françaises, anglaises, irlandaises et écossaises, donc on y trouve des parentés. Les reels et les gigues que l’on joue ici et là-bas peuvent se ressembler.
La musique traditionnelle écossaise se danse-t-elle comme elle se joue ?
La danse et le chant sont très liés dans la musique traditionnelle. Typiquement, il y a très peu de concerts strictement musicaux ; la musique accompagne la danse. Elle remplit une fonction de socialisation, permet par exemple de se trouver un mari… [Rires]. Les danses traditionnelles écossaises sont des danses du peuple. Elles sont relativement simples et permettent à tous de participer.
Lors de l’atelier que vous auriez animé à la Place des Arts, des danses traditionnelles écossaises auraient été enseignées aux participants. Pouvez-vous nous en dire plus sur celles-ci ?
Toutes ces danses sont simples à apprendre, mais se distinguent dans l’enchaînement des pas et des figures. Dans le « Gay Gordon », des couples exécutent les mêmes pas tous ensemble, en formant un grand cercle. Dans le « Strip the Willow », les couples se font face et forment deux lignes parallèles. Le « Dashing White Sergeant » est une danse country exécutée par deux groupes de trois personnes. Il y a aussi la valse Saint Bernard, qui est un type de valse propre à la tradition écossaise. C’est à découvrir!