La Bolduc (1964)
Nicolas Mavrikakis - 29 janvier 2018

La Bolduc (1964) - Jean-Paul Riopelle

Jean-Paul Riopelle ▪ La Bolduc ▪ 1964 ▪

© Succession Jean-Paul Riopelle / SOCAN (2017)
Crédit photo : Caroline Bergeron

 

Riopelle était passionné par la culture populaire, le cirque, la boxe, la course automobile, le hockey…

 

Il en aimait les héros, en particulier québécois, dont certains auxquels il s’identifiait. De Louis Cyr, un des hommes les plus forts du monde, il possédait même une statue. Lors de sa mort, le critique Claude Jasmin le compara à ce personnage, décrivant la vitalité de Riopelle comme celle d’« un jeune colosse énergique », allant jusqu’à écrire qu’il était peut-être « un "Louis Cyr" du tachisme »… Riopelle aimait aussi Alexis le Trotteur, l’homme qui courait plus vite qu’un cheval ainsi que la figure mythique du faux indien Grey Owl, défenseur de la nature, qu’il avait vu adolescent et auquel il dédia un tableau en 1970. Il réalisa aussi une œuvre en l’honneur de Maurice « Rocket » Richard en 1990. 

 

« [...] la manière dont y apparaissent progressivement des formes, qui en surimpression du foisonnement des petits touches, confèrent une organisation seconde au tableau [...] »

 

Mais c’est son engouement pour Mary Rose Anna Travers, surnommée La Bolduc (1894-1941), qui est incarné dans ce tableau. Cette auteure, compositrice et interprète avait été très célèbre dans les années 1930 alors que Riopelle était enfant. La compositrice Betsy Jolas relate comment il parlait souvent de cette chanteuse et qu’il lui arrivait même de turluter comme elle... Quant à l’historienne Hélène de Billy, dans sa biographie de Riopelle (1996) elle raconte comment, le peintre demanda souvent à Gilles Vigneault de chanter des airs de La Bolduc, entre autres lors d’une nuit de fête à Paris dans les années 70.

 

Le critique d’art Yves Michaud explique que ce qui surprend dans sa peinture des années 1960, « c’est la manière dont y apparaissent progressivement des formes, qui en surimpression du foisonnement des petits touches, confèrent une organisation seconde au tableau et ramènent progressivement à la figure ». C’est le cas avec ce tableau qui évoque une figure sans figuration, comme une turlute articule des sons, des assonances, des onomatopées qui ne forment pas de mots. 

 

La Bolduc (1964)
de Jean-Paul Riopelle (1923-2002)
Situé dans la Salle Wilfrid-Pelletier

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