Johnny Clegg
Crédit photo : Johnny Clegg
Crédit photo : Johnny Clegg
Violaine Ducharme - 28 septembre 2017

Histoire d’une chanson - Asimbonanga : hymne antiapartheid

Johnny Clegg, qu’on surnomme le « Zoulou blanc », a grandi en Afrique du Sud, et sa musique est devenue l’emblème de la lutte contre l’apartheid, le système de ségrégation qui a miné le pays de 1948 à 1991. Mélangeant l’anglais et le zoulou, sa chanson Asimbonanga, rendant hommage à Nelson Mandela, a marqué la planète.

 

Asimbonanga, tirée de l’album Third World Child de Savuka, le groupe mis sur pied par Johnny Clegg, est sortie en 1987 alors que Nelson Mandela était emprisonné depuis 1964 à Robben Island, au large du Cap. Le titre signifie « celui qu’on n’a pas vu », car les photos de Nelson Mandela étant illégales, personne ne savait à quoi il ressemblait.

 

Non seulement Savuka était-il composé de Blancs et de Noirs, ce qui était particulièrement audacieux à une époque encore plombée par le racisme, mais Johnny Clegg a écrit le refrain d’Asimbonanga en zoulou, et ses couplets, en anglais : un choix provocateur et politiquement lourd de sens, fidèle aux valeurs d’égalité qui ont toujours animé Clegg.

 

Une réception enthousiaste, mais pleine de risques

La chanson devient rapidement un succès, tant à l’international qu’à l’intérieur des frontières : pendant qu’elle trône au sommet des palmarès en Europe, Asimbonanga est populaire parmi les Sud-Africains et est adoptée comme chant officiel du Front démocratique uni, une organisation antiapartheid.

 

Or, alors que la minorité blanche gouverne le pays, le fait qu’un Blanc rende explicitement hommage à l’ennemi du système ne se déroule pas sans heurt. Clegg a maille à partir avec les autorités au cours de ses spectacles, durant lesquels la police débarque souvent pour procéder à l’arrestation des membres du groupe. La mention d’autres militants antiapartheid dans la chanson (Steve Biko, Victoria Mxenge et Neil Aggett) n’est d’ailleurs pas étrangère à la situation.

 

Mais le Zoulou blanc a persisté. En 1999, alors que ce dernier chantait Asimbonanga en spectacle, Nelson Mandela lui-même est venu le rejoindre sur scène en esquissant quelques pas de danse ! « Cette chanson me fait sentir en paix avec le monde », a-t-il dit en souriant.

 

 

 

 

C’est également la grâce qu’on vous souhaite le 19 octobre prochain, à la Place des Arts, au cours du spectacle de Johnny Clegg donné dans le cadre de sa tournée d’adieu.

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