Festival de Lanaudière : la beauté à grand déploiement
Après une pause forcée en raison de la pandémie en 2020, le Festival de Lanaudière sera de retour du 16 juillet au 8 août 2021 sous le thème Vibrer d’enchantement. Les mélomanes comme les néophytes pourront entendre à nouveau la musique résonner dans l’enceinte naturelle de l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay grâce à un programme reposant sur les talents québécois et canadiens. Le directeur artistique, Renaud Loranger, nous présente les spectacles à ne pas manquer lors de cet événement attendu, et nous fait part des défis que son équipe et lui ont relevés pour préparer le Festival cette année.
« Pour nous, c’était essentiel d’être les plus ambitieux possible et les plus présents possible dans les circonstances », affirme d’emblée le directeur artistique, qui a esquissé de nombreuses versions du programme au fil de l’année.
La proverbiale limonade
When life gives you lemons, make lemonade (« quand la vie vous donne des citrons, faites de la limonade »), dit le proverbe anglais. Malgré tous les citrons qui sont tombés sur le milieu culturel depuis le début de la pandémie, l’équipe du Festival de Lanaudière a démontré une grande souplesse et propose en fin de compte une limonade de haute qualité.
Un produit rendu possible grâce à un esprit de collaboration hors du commun avec les artistes et les ensembles figurant au programme, tient à souligner Renaud Loranger. « La diversité, la beauté, le dynamisme du milieu musical au Québec et ailleurs au pays sont indéniables : tout le monde répond présent avec enthousiasme, avec beaucoup de flexibilité aussi. »
Le Festival marque le retour des concerts à grand déploiement devant public : grâce à l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay et à son vaste espace extérieur, les ensembles que sont l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), l’Orchestre Métropolitain (OM) et Les Violons du Roy pourront se produire devant 1250 personnes, dans le respect des consignes de distanciation physique. « Le fait d’être dans l’amphithéâtre nous rapproche vraiment d’une certaine forme de normalité », se réjouit le maître d’œuvre de l’événement.
Le Festival renoue cette année avec Les Grands Ballets, qui avaient présenté le spectacle de clôture en 2019. Fait intéressant : il s’agit du « seul spectacle qui était prévu pour 2021, avant le début de la pandémie, et qui se trouve au programme », fait remarquer Renaud Loranger.
La créativité dans la contrainte
Depuis plus d’un an maintenant, nous avons tous et toutes perfectionné l’art de la distanciation et autres mesures sanitaires. Ces nouvelles normes affectent également les musiciens, ce qui signifie qu’un pan du répertoire classique se trouve hors de l’actuel champ des possibles.
Renaud Loranger choisit d’en voir le bon côté : « Cela nous permet d’explorer des avenues moins fréquentées, de proposer des compositeurs pour la plupart très connus, dont on présente des œuvres très intéressantes, mais jouées beaucoup moins souvent. »
La Symphonie en do majeur de Georges Bizet, qui sera interprétée par l’OSM et le violoncelliste Bryan Cheng le 31 juillet dans le concert Romantisme à la française, en constitue le parfait exemple. « C’est un morceau merveilleux, mais qu’on ne joue à peu près jamais parce que Bizet est très connu pour son opéra Carmen. » Autre idée apparue dans la contrainte : le Festival nous offrira une rare occasion d’entendre le Chœur de l’OSM a cappella le 18 juillet, lors du concert intitulé Chants d’amour. Une expérience qui s’annonce à la fois puissante et intime.
Le 250e anniversaire de naissance de Beethoven sera également souligné, un an plus tard que prévu, notamment par une interprétation de sa Symphonie no 5, livrée en concert d’ouverture par l’OSM le 17 juillet. C’est à cette occasion que Jacques Lacombe dirigera l’orchestre, dont il a été le premier chef invité entre les mandats de Charles Dutoit et de Kent Nagano. « Je trouve très beau de retrouver le chef d’orchestre dans ces circonstances-là », s’enthousiasme le directeur musical. Le Festival présentera également l’intégrale des concertos pour piano du célèbre compositeur allemand. Ils seront interprétés par le pianiste Marc-André Hamelin et l’OM sous la direction de Yannick Nézet-Séguin.
Accessible à tout prix
Depuis sa création, le Festival de Lanaudière vise à démocratiser la musique classique. Pour son directeur artistique, Renaud Loranger, qui y a développé son amour pour le genre dès l’enfance, cette approche est indissociable du Festival.
Cette volonté se manifeste dans le prix abordable de ses billets et dans les différentes formes et lieux de ses spectacles et autres événements. En plus des récitals et des concerts de musique de chambre qu’accueilleront les églises de la région, toute une portion du programme est gratuite, dont une série de films présentés en plein air, dans le but avoué de faire découvrir la musique classique à un public néophyte.
« J’espère que ça sera une fête pour tout le monde après cette année et demie tellement particulière qu’on a traversée. Pour moi et toute l’équipe, ce sera être très émouvant de retrouver les artistes et le public »
Occasion en or de renouer avec les arts vivants dans toute leur beauté et leur résilience, le Festival de Lanaudière 2021 s’annonce mémorable pour le public, autant pour celles et ceux qui reviennent tous les étés à l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay que pour les personnes curieuses qui oseront cette année une première visite. « J’espère que ça sera une fête pour tout le monde après cette année et demie tellement particulière qu’on a traversée. Pour moi et toute l’équipe, ce sera être très émouvant de retrouver les artistes et le public », conclut Renaud Loranger.
Depuis la rédaction de cet article, le Festival de Lanaudière a annoncé que l’édition 2021 sera lancée par de magnifiques retrouvailles avec Kent Nagano, avec l'ajout du concert Vision du paradis, le vendredi 16 juillet. Ce sera la première fois que maestro Nagano dirigera l’OSM devant public depuis février 2020.