Dans une forêt de néons, la danseuse-musicienne rwandaise Dorothée Munyaneza invoque la présence de femmes noires que les archives coloniales ont voulu effacer. Elle redonne notamment vie à Tituba, femme noire esclavagisée jugée au célèbre procès des sorcières de Salem.
Son geste est mesuré, habité jusqu’à la plus infime cellule. Son corps est espace de résonance et de lien. Elle appelle; elle reçoit. Sa voix transcende les limites du théâtre. En tandem avec le compositeur et musicien Khyam Allami, elle conduit avec grâce une cérémonie occulte saisissante.
S’appuyant sur un texte de la philosophe Elsa Dorlin et sur le roman de Maryse Condé, Moi, Tituba sorcière…, ce solo magnétique est irrigué par tant de vécus qu’il devient œuvre chorale. Hommage vibrant aux oublié·es de l’Histoire, revanche incandescente sur l’invisibilisation, il est aussi acte d’amour et de réparation.