Simon Rivard : un jeune chef d’orchestre québécois à la barre de La Bohème
L’un des chefs d’orchestre les plus en vogue au pays collaborera pour la première fois avec l’Opéra de Montréal. Portrait de Simon Rivard, qui dirigera La Bohème de Puccini à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts du 10 au 20 mai prochain.
Comment envisagez-vous votre première collaboration avec l’Opéra de Montréal?
Je suis fébrile. Bien que j’aie commencé ma carrière ailleurs au Canada, c’est la première fois que je vais diriger un opéra avec une compagnie majeure dans la métropole. Montréal, c’est chez moi. Je me sens comme un jeune Québécois qui fait ses débuts avec les Canadiens de Montréal au hockey. L’Opéra de Montréal, c’est mes Canadiens, à moi. Parmi les musiciens et musiciennes de l’Orchestre Métropolitain, beaucoup m’ont déjà enseigné. Et c’est très excitant de participer à cette production en leur compagnie.
Quel a été votre parcours professionnel?
Je suis violoniste à l’origine, diplômé du Conservatoire de musique de Montréal. Je m’intéresse à l’opéra depuis l’âge de 15 ans. Wagner compte parmi mes premières influences, parce que j’apprenais l’allemand en lisant les livrets de ses opéras et en essayant d’en faire la traduction.
J’ai ultérieurement fait ma maîtrise en direction d’orchestre à McGill. Ensuite, j’ai commencé à travailler comme chef en résidence à l’Orchestre symphonique de Thunder Bay. Et très rapidement, je suis allé à Toronto. J’y ai été l’assistant de sir Andrew Davis. Il faisait énormément d’opéra, parce qu’il était à la tête de l’Opéra lyrique de Chicago. J’ai beaucoup appris à son contact. Par la suite, j’ai été nommé directeur musical de l’Opéra d’Edmonton, où j’ai dirigé Tosca de Puccini, Carmen de Bizet, Le château de Barbe-Bleue de Bartók. Mais le premier grand opéra que j’ai dirigé, c’était La Bohème, et ça me fait du bien de le revisiter.
Quels sont vos loisirs hormis la musique?
C’est difficile d’avoir d’autres grandes passions parce que la musique prend tellement de place. J’aime beaucoup la musique folklorique canadienne. Je m’intéresse beaucoup aux origines françaises du folklore au Québec.
Je suis aussi quelqu’un qui lit beaucoup d’essais sur l’histoire, sur des problèmes de société, la politique. Si je n’avais pas été musicien, j’aurais probablement étudié en médecine ou en anthropologie.
Quels sont les défis liés au fait de diriger un opéra en plus du travail de chef d’orchestre?
Diriger des opéras, ça recoupe énormément de domaines. La première chose, c’est d’avoir une vision et de faire beaucoup de recherches en amont.
Pour La Bohème, j’ai lu Scènes de la vie de bohème d’Henry Murger. J’ai voulu comprendre quel était cet univers, repris par Puccini par la suite. Ensuite, on doit étudier la partition pour connaître la portée de chacun des mots prononcés par chaque interprète. Ça consiste à apprendre leurs lignes et celles de l’orchestre par cœur.
Une fois en salle de répétition, le défi est de créer un climat de travail qui soit motivant. Ça se fait en collaboration avec le metteur en scène, bien sûr. Il faut aussi assurer la liaison entre la fosse d’orchestre et les interprètes sur scène pour qu’on avance collectivement et non pas comme deux groupes qui s’opposent.
Comment abordez-vous l’œuvre de La Bohème?
J’essaie de revenir à l’esprit initial de Puccini et de voir le message qu’il voulait transmettre dans ce spectacle. Et c’est l’un de ses premiers grands succès. C’est pétulant. Chaque seconde de cet opéra est faite de mélodies qui sont immortelles. Il n’y a pas de musique de remplissage. C’est donc, autant que possible, de trouver de la fraîcheur dans une partition qui est fraîche par définition. La Bohème, c’est vraiment la jeunesse exubérante. Cette œuvre incarne un esprit insolent, qui fait un pied de nez à tout ce qui est la bourgeoisie, l’argent. Comme musicien, c’est ce que j’ai essayé de transmettre dans mon interprétation par les notes de Puccini.

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