Peeping Tom : une rare occasion de plonger dans cet univers d’épouvante

Article Portraits Spectacle

Depuis les années 2000, la compagnie de danse Peeping Tom mélange les genres dans un univers décalé. La troupe flamande débarque avec son Triptych à Montréal, où elle se produira quatre soirs seulement à la Place des Arts, dans le cadre de la programmation de Danse Danse.

La compagnie belge désarçonne le public en le tenant en haleine et en effaçant peu à peu les limites de la danse, du théâtre et du cinéma. Ses deux cofondateurs, l’Argentine Gabriela Carrizo et le Français Franck Chartier, signent la mise en scène du spectacle créé en trois temps entre 2013 et 2017 en collaboration avec le Nederlands Dans Theater.

Son histoire plonge les personnages dans un environnement sans échappatoire face à des forces tiraillées entre l’humour, l’imaginaire et l’épouvante. Le public est témoin de leur combat intérieur, où se mêlent les souvenirs réels et l’illusion, accompagnés d’effets sonores angoissants.

Trois tableaux, trois huis clos

Sous forme de trilogie, Triptych propose un univers scénographique différent pour chacun des trois huis clos qui le composent, représentant différents lieux sur un bateau. La première pièce, The missing door, met en scène un salon aux nombreuses portes refusant de s’ouvrir. La deuxième, The lost room, se situe dans une cabine. Finalement, The hidden floor se passe dans un restaurant désaffecté qui prend l’eau. 

Le premier tableau se déroule avant le décès d’une personne, où les artistes illustrent sur scène ce qui se produit dans la tête de la victime. L’action traduit dans une gestuelle imagée le traumatisme d’un couple durant sa séparation. L’histoire est soutenue par une trame sonore angoissante et grésillante, ajoutant à la tension vécue sur les planches. 

The lost room entraîne ensuite les interprètes dans une performance plus physique sous le thème du désir malsain, où les contorsions et les sursauts rythment ce segment. 

Le troisième huis clos plonge quant à lui le public au cœur de l’étrange, multipliant les illusions et les tours, recréant notamment des corps disloqués grâce à la souplesse des artistes.

À la croisée des arts

Le spectacle s’inspire du septième art en adoptant des changements scéniques opérés comme ceux d’un plateau de tournage cinématographique. Les codes du film d’horreur y sont repris dans un décor où il n’y a pas d’issue et où les portes ne font jamais figure de sortie. L’action met en scène des personnages luttant tantôt contre eux-mêmes, tantôt contre un chiffon qui échappe aux mains d’un serviteur ou une veste restée collée sur un bras. 

La gestuelle s’éloigne de la danse traditionnelle et a été chorégraphiée avec davantage de théâtralité. L’équipe, pratiquement muette en permanence, s’exprime seulement par des cris ou des sons, mariant la virtuosité de ses mouvements à l’art dramatique.

L’ambiance inquiétante dans laquelle l’humour et le macabre se mêlent permet au public de se faire sa propre interprétation de la trame narrative. Le spectacle de deux heures sera présenté par Danse Danse, diffuseur associé à la Place des Arts, du 16 au 19 avril au Théâtre Maisonneuve. 

Auteur : Leïla Jolin-Dahel Date : 27 mars 2025

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