Josiane Aubuchon : entre autodérision et confidences

Des « jokes de totons », c’est facile, un peu mononcle, et moins bien vu qu’il y a plusieurs années. L’humoriste Josiane Aubuchon a toutefois réinventé le genre avec Le show de boules, où elle raconte les péripéties entourant sa réduction mammaire. Le tout fait l’objet de cinq représentations à la Salle Claude-Léveillée.

La principale intéressée dit avoir « très égoïstement » eu envie de revenir sur cet épisode de sa vie, qui s’étire aujourd’hui depuis plus de cinq ans. Cinq ans à partir du moment où elle a été inscrite sur une liste d’attente. Et au moment de réaliser l’entrevue, elle venait de subir une chirurgie correctrice mineure. 

« J’ai été opérée en janvier 2024, et c’est quelque chose qui a été très prenant dans ma vie, confie l’humoriste. Il s’est passé tout plein de choses à partir du moment où j’ai pris la décision de subir la réduction mammaire, puis à l’opération et pendant la convalescence. Et puis, un an plus tard, je ne suis pas à la même place concernant mon acceptation corporelle. D’en parler, c’est thérapeutique pour moi. »  

Devenir l’inspiration qu’on ne trouve pas 

Qui dit chirurgie mammaire songe plutôt à une augmentation ou, dans une optique moins joyeuse, à une mastectomie. La réduction mammaire est presque inexistante dans le discours public, et c’est pour mettre en lumière ce phénomène qui touche de nombreuses femmes à la poitrine trop généreuse que Josiane Aubuchon, diplômée de l’École nationale de l’humour en 2012, a décidé d’écrire sur son expérience. « Je cherchais des modèles de femmes qui avaient vécu la même expérience, mais je n’avais rien trouvé, déplore-t-elle. Des femmes grosses, comme moi, avec une réduction mammaire aussi importante. Tout ce que j’ai vu, ce sont des femmes d’un gabarit assez standard qui passaient d’un triple D à un B. » 

À défaut de la trouver, l’humoriste a donc choisi de devenir elle-même cette inspiration. Et signe qu’elle touche une corde sensible, nombreuses sont les femmes qui communiquent avec elle pour réagir à son expérience ou lui raconter la leur. 

Parler d’une expérience très intime ne gêne pas l’artiste. « Au contraire, j’y vais avec beaucoup d’autodérision, confie-t-elle. J’ai une certaine bonhomie, un casting sur scène qui me permet d’aller plus loin. » 

Elle aborde notamment ses inquiétudes face à sa future silhouette, elle qui, naturellement, portait un bonnet J. « Est-ce que je vais avoir l’air de Winnie the Pooh, genre, avec un gros ventre, pas de totons? demande-t-elle. Il a vraiment fallu que je travaille là-dessus, sur mon image corporelle. » 

« Cette opération-là a comme ouvert une boîte de Pandore dans ma vulnérabilité : je me sens comme une ado qui ne comprend plus son corps », renchérit Josiane Aubuchon. 

Avec humour, elle aborde également le regard des autres. Même si son Show de boules traite d’une expérience toute féminine, les hommes ne sont pas en reste. « Si ta conjointe subit une réduction mammaire, il va falloir que tu l’aides! » dit-elle à ces messieurs, dont plusieurs apprendront peut-être que les bonnets d’un soutien-gorge peuvent aller au-delà du double D.  

Une renaissance et une résidence 

Le spectacle a d’abord été présenté à l’été 2024 à l’occasion de ComediHa! salue Montréal. Comme l’événement s’est avéré un succès, la boîte Encore a ensuite proposé à l’humoriste de renouer avec ce spectacle le temps d’une résidence de cinq mois dans un contexte plus intime, propice à la confidence. « Pour moi, ça ajoute une corde à mon arc, parce que je donne rarement les mêmes spectacles, explique Josiane Aubuchon. Je pensais qu’après avoir donné le spectacle, c’était terminé pour lui, alors j’avais tout mis ça dans un tiroir, et je suis bien contente de lui donner une nouvelle vie! » 

Après avoir été présenté une première fois le jeudi 13 février, Le show de boules sera à l’affiche le 11 mars, le 2 avril, le 6 mai et le 4 juin prochains à la Salle Claude-Léveillée.