Après s’être associés une première fois en 2018, le danseur Guillaume Côté et le metteur en scène Robert Lepage unissent à nouveau leurs forces pour présenter une variante inédite de Hamlet. Cette tragédie de Shakespeare, incarnée uniquement par la danse, mélange les styles et est portée par neuf interprètes. Entrevue avec Robert Lepage et Guillaume Côté.
Alors que leur première collaboration s’est réalisée dans le cadre du Ballet national du Canada, Hamlet est plutôt une cocréation des compagnies des deux artistes, Côté Danse et Ex Machina. « On n’a pas les mêmes moyens, mais on travaille avec une liberté qu’on n’a pas nécessairement dans une grosse institution, souligne Robert Lepage. C’est nous qui faisons les règles. »
Guillaume Côté caressait le rêve de travailler avec le metteur en scène reconnu mondialement, mais il souhaitait avant tout s’investir comme danseur, pas seulement à la chorégraphie. « J’ai toujours voulu jouer Hamlet, parce que c’est une figure profonde qui en permet beaucoup en tant que performeur », raconte celui qui se glisse dans la peau du héros shakespearien.
Si cette tragédie a déjà été montée en incorporant le mouvement, le spectacle conçu par Guillaume Côté et Robert Lepage met l’accent sur la danse, sans les mots. « Dans les versions précédentes que j’ai vues, il y avait certaines sections de la pièce qui étaient dansées, mais ce ne sont pas des adaptations où le personnage est vraiment développé en son entier », soutient le chorégraphe.
Danser Hamlet
Robert Lepage est un habitué des pièces de Shakespeare au théâtre. Mais il a cette fois-ci fait le pari d’adapter la tragédie Hamlet à la danse. « Le défi est de transposer une grande histoire au monde du mouvement, souligne-t-il. Avec Guillaume Côté, on a vraiment pris le temps de revoir la dramaturgie et on est très fiers du résultat. »
La pièce est un métissage de styles, avec des interprètes issus du ballet classique, de la danse contemporaine et de la street dance. « Il y a une sorte de communauté que tu retrouves habituellement au théâtre, pas dans une compagnie de danse », observe le metteur en scène. Cette variété lui a donc permis de distribuer les rôles en fonction des forces spécifiques des danseurs afin d’exprimer différentes choses chez les personnages, ajoute-t-il. « Comment fait-on To be or not to be en dansant? Dès le moment où tu enlèves les mots, que reste-t-il? demande Robert Lepage. On voit que c’est un chef-d’œuvre de la littérature avec toute la structure dramaturgique et toute l’action qui y sont évoquées. »
Dans cette adaptation inédite, l’histoire tragique d’Hamlet et son récit ont pour point de départ la chorégraphie et le mouvement. « Peut-être que, quand les gens regardent le spectacle, ils ne comprennent pas exactement ce que ça veut dire. Par contre, ils ont un beau sentiment viscéral. Il y a quelque chose de physique qui émane de tout le texte », illustre Guillaume Côté.
Un tandem aux atouts complémentaires
La force de la collaboration du tandem Côté-Lepage réside dans leur communication et leur complémentarité, croit le danseur et chorégraphe. « En danse classique, quand on essaie de développer le mime et de fournir des propositions physiques et abstraites, des fois, on manque de direction, dit-il. Mais avec l’expertise de Robert Lepage, on pouvait vraiment trouver des idées ensemble pour concevoir un nouveau style de mouvement, une nouvelle façon de moderniser le classicisme. »
Cette adaptation d’Hamlet se veut à la fois « extrêmement contemporaine et originale » tout en conservant quelque chose de très classique, ajoute de son côté Robert Lepage. « Quand les interprètes font du street dance, ils le font avec des lignes classiques », illustre-t-il.
« Le public familier avec l’œuvre va la reconnaître. Les autres vont la découvrir. Et, surtout, beaucoup de gens la connaissent, mais ne la comprennent pas. Ils ont l’impression de la comprendre quand ils voient notre spectacle, où personne ne parle », promet le metteur en scène. « Les gens qui aiment la danse contemporaine, le théâtre et la danse classique peuvent se rejoindre avec ce Hamlet », conclut Guillaume Côté.
La pièce sera présentée par Danse Danse, diffuseur associé à la Place des Arts, du 13 au 22 février au Théâtre Maisonneuve.

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