Poste d’écoute – La douce revanche de la musique autochtone contemporaine
Philippe Couture, avec la collaboration de Charles Buckell-Robertson - 30 juin 2020

POSTE D'ÉCOUTE : La douce revanche de la musique autochtone contemporaine

Elle est bel et bien finie l’époque où la musique des Premières Nations et des Inuits demeurait un secret bien gardé dans les réserves. Voici des chansons à ajouter à vos listes d’écoute pour mesurer l’effervescence actuelle de la musique autochtone, qui résonne plus que jamais dans nos écouteurs.

 

Grâce à une génération d’artistes qui décloisonne les genres et à une conjoncture nouvelle, où les oreilles du grand public semblent enfin grandes ouvertes, la musique des Premières Nations franchit les frontières géographiques et culturelles. Les tambours teueikans, les chants spirituels traditionnels et les chants de gorge font encore partie de l’arsenal musical, mais les œuvres autochtones contemporaines se colorent de nouvelles textures et de sonorités pop, électro, folk, hip-hop ou jazz. Hybridation est le maître mot ! Dans cette aventure musicale innovante, bon nombre d’artistes sont accompagnés et propulsés par Musique nomade et sa plateforme d'écoute Nikamowin, une pépinière de découvertes.

 

En langue innue ou atikamekw, en français ou en anglais, les artistes autochtones d’un océan à l’autre font aujourd’hui l’objet d’une attention soutenue : désormais têtes d’affiches de grands festivals, lauréats de prix prestigieux et, de plus en plus, parties intégrantes de nos listes d’écoute. Leur musique, souvent chambre d’écho de revendications identitaires et territoriales, attire nos regards sur les douleurs du colonialisme et joue le rôle essentiel de trame sonore de la réconciliation.

 

Alors, on appuie sur PLAY ?

 

Windigo, de Anachnid

Artiste Oji-Cree et micmac du Manitoba, Anachnid combine une électro enveloppante à des percussions puissantes – lesquelles sont réalisées, dans cette chanson, avec une robe traditionnelle à franges. Entre trip hop et électro aérienne, sa musique enrobe aussi une voix grave légèrement trafiquée numériquement, qui interpelle les guerriers du passé pour leur dire que le combat continue.

 

 

 

Big Wheel, de Q-052

Résolument politique, le rap de Q-052 s’ancre parfois dans une matière intellectuelle dense, racontant les ratés du gouvernement fédéral dans ses relations avec les autochtones. La chanson Big Wheel est emblématique du style ciselé et mélodieux de ce rappeur micmac gaspésien : un flow saccadé, façon Eminem, et des arrangements rythmés qui font la part belle aux guitares et aux claviers.

 

 

 

Land Back, de A Tribe Called Red

Ont-ils encore besoin de présentation ? Les instigateurs d’un style qu’on appelle aujourd’hui le Powwow-step, combinaison rudement efficace d’électro et de chants et tambours de pow-wow, sont à leur meilleur dans la chanson Land Back, un hymne militant composé pour le peuple Wet’suwet’en qui, depuis des années, revendique ses terres ancestrales contre la compagnie pétrolière Coastal Gas Link.

 

 

 

Arnaq, de Elisapie

Figure bien en vue de la culture pop au Québec depuis le début des années 2000, Elisapie déploie dans Arnaq une ode à la toute-puissance du féminin. Surtout, elle fait résonner les sonorités de l’inuktitut et met en scène, dans le vidéoclip accompagnant la chanson, le quotidien de son village natal Salluit, au Nunavik.

 

 

 

Indian Time, de Matiu

Artiste innu originaire de Maliotenam, sur la Côte-Nord, Matiu est l’un des rockeurs autochtones francophones les plus populaires du moment, grâce à une musique folk rock accrocheuse qui raconte le quotidien et les questionnements identitaires en toute simplicité, comme il le fait si bien dans Indian Time.

 

 

 

The Unforgotten, de Iskwé

Artiste manitobaine aux racines cries, métisses et irlandaises, Iskwé invente une musique hybride, quelque part entre pop et électro, pour raconter entre autres le racisme et le colonialisme. La chanson Unforgotten est issue de l’album The Fight Within, qui a notamment figuré sur la « Longue liste » du prix Polaris en 2017.

 

 

 

Mehcinut, de Jeremy Dutcher

Chanteur originaire de la communauté Wolastoqiyik du Nouveau-Brunswick, Jeremy Dutcher a remporté le prix Juno du meilleur album autochtone en 2019. Sa voix de ténor, bien appuyée sur une formation musicale classique, se réinvente au contact du wolastoq, sa langue natale en voie de disparition.

 

 

AUSSI À DÉCOUVRIR

 

Difference, de Violent Ground

 

 

 

Spring to come, de Digging Roots

 

 

 

Injustice, de Samian

 

 

 

Signal, de Quantum Tangle

 

 

 

Nitehi aimihewin, de Mikon Niquay-Ottawa

 

 

 

Atikamekw-Innu, de Scott Pien-Picard et Ivan Boivin-Flamand

 

 

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