Mélissa Lavergne à Séville : des séjours marquants au rythme du flamenco
Catherine Courchesne - 3 octobre 2019

Mélissa Lavergne à Séville : des séjours marquants au rythme du flamenco

Chaque année, la percussionniste, danseuse et animatrice Mélissa Lavergne voyage pour découvrir ou développer sa connaissance d’une culture musicale. Parmi ses coups de cœur : les percussions flamenco, une discipline qu’elle a étudiée à Séville.

 

Quand êtes-vous allée à Séville pour y apprendre les percussions flamenco?

 

En fait, je suis allée à Séville trois fois, soit en 2009, 2015 et 2017. Chaque fois, c’était pour approfondir mes connaissances du flamenco, que ce soit la danse, les percussions ou le chant.

 

Pourquoi avoir choisi Séville ?

 

Tout simplement parce que c’est dans cette ville espagnole de l’Andalousie qu’est né le flamenco. On y trouve des écoles de flamenco dites folkloriques et traditionnelles, contrairement aux écoles de Madrid et de Barcelone, qui mélangent davantage les styles traditionnel, classique et moderne.

 

Et comment se sont passés ces séjours ?

 

Très bien, malgré un emploi du temps chargé ! Pour vous donner une idée, en 2009, je suivais un cours de danse en matinée, un cours de percussions en après-midi et, souvent, je terminais la journée avec un autre cours de danse ! J’ai vécu à ce rythme effréné pendant un mois et demi… Il va sans dire qu’à la fin de mon séjour, j’étais brûlée ! En revanche, j’ai beaucoup appris. Je me suis notamment exercée à jouer de deux instruments de percussion flamenco : les castagnettes et le cajón.

 

Mélissa Lavergne accompagne le chanteur Alvaro Echanove et la guitariste Caroline Planté avec le cajón dans l'une de nos salles de répétition que nous avons transformée en un petit tablao éphémère et intimiste.
 
 
 
Qu’est-ce que le cajón, exactement ?

 

C’est une caisse de résonance sur laquelle on joue avec les pieds et les mains, souvent en s’assoyant dessus. C’est un instrument d’origine péruvienne introduit dans la tradition flamenco par nul autre que le légendaire guitariste Paco de Lucía, dans les années 1970. Pour ma part, j’ai étudié le cajón à chacun de mes séjours à Séville. En 2017, j’ai même eu la chance d’apprendre auprès du grand Ramón Porrina, considéré comme le grand maître des percussions flamenco.

 

Cela dit, outre les castagnettes et le cajón, plusieurs gestes de la danse flamenco sont des percussions. Pensons aux palmas, des percussions avec les paumes et les mains, ou encore aux zapateados, qui s’exécutent avec les pieds. Même si les palmas semblent simples à première vue, il existe de nombreux rythmes et techniques de claquement de mains qui exigent des heures et des heures de répétitions ! D’ailleurs, durant mon séjour en 2009, j’ai suivi une vingtaine d’heures de cours uniquement sur les palmas... Et j’étais encore loin d’en maîtriser l’art !

 

Un cours de danse flamenco avec Delphine Mantha.

 

En plus de savoir jouer des percussions, vous savez également danser et chanter le flamenco ?

 

Oui ! En fait, mon amour pour le flamenco a commencé dans le cadre de mes études secondaires en danse, à l’école Pierre-Laporte. J’avais alors trois heures de cours de danse flamenco par semaine. Parmi toutes les danses que j’étudiais, c’est celle que je préférais. Aujourd’hui, je comprends que cette passion pour le flamenco vient de sa fusion entre gestuelle et percussion.

 

Quant au chant, je l’ai appris durant mon deuxième séjour à Séville, en 2015, alors que les écoles de danse étaient fermées pour les vacances. Toutefois, bien que je chante le flamenco et n’hésiterais pas à le faire en public, je me considère avant tout comme une percussionniste et une danseuse.

 

Vous dites aimer le flamenco en raison de sa danse qui est intrinsèquement liée aux percussions… Qu’aimez-vous également dans ce style musical ?

 

Ce que j’aime par-dessus tout du flamenco, c’est toute la gamme d’émotions qu’il exprime, des plus belles aux plus viles. De la gestuelle, de la musique et des chants du flamenco se dégagent une intensité, une puissance et une force qui me touchent énormément. À travers sa musique empreinte de mélancolie, de tristesse et de colère, le flamenco célèbre la beauté dans tous ses états. La beauté de la vie à travers les âges, puisque les danseurs et danseuses d’âge mûr sont aussi vénérés que les jeunes, sinon plus.

 

De la gestuelle, de la musique et des chants du flamenco se dégagent une intensité, une puissance et une force qui me touchent énormément.

 

J’aime également l’indépendance de la danse flamenco. D’une part parce qu’elle se danse en solo, d’autre part, parce que les danseurs peuvent faire leurs propres percussions… Des percussions aux rythmes complexes et fascinants, et aux variations infinies !

 

À vous entendre parler du flamenco avec autant de passion, il semble évident qu’un autre séjour à Séville est de mise…

 

Absolument ! J’attends juste le bon moment pour y retourner et y rester plus longtemps. Mais oui, je veux revoir et revivre Séville… non seulement pour le flamenco, mais parce que je m’y sens maintenant chez moi.

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