Jean-Willy Kunz
Crédit photo : François Goupil
Crédit photo : François Goupil
Anne-Hélène Dupont - 14 juin 2017

Jean-Willy Kunz : quand l’orgue joue d’audace

Démontrer la modernité et la polyvalence de l’orgue : c’est l'objectif que s’est donné Jean-Willy Kunz. Et les quatre concerts qu’il donnera cet été à la Place des Arts et à l’amphithéâtre Fernand-Lindsay seront autant d’occasions pour l’organiste de s’y employer. Entrevue.

« J’aime sortir de ma zone de confort », affirme Jean-Willy Kunz. À voir ce qui occupera cet été l’organiste en résidence de l’Orchestre symphonique de Montréal, on le croit sur parole.

Le musicien est de l’équipe multidisciplinaire qui assure, à l’initiative de Pierre Lapointe, la création collective du spectacle Amours, délices et orgues : « C’est plus qu’un concert. C’est un spectacle d’art total où la musique, la danse, le design et la poésie se rencontrent, explique Jean-Willy Kunz. Le public y découvrira des chansons de Pierre Lapointe revisitées avec l’orgue, le hautbois et une rythmique assurée par Vincent Legault, des Dear Criminals, mais aussi des chansons inédites. » À voir à la Maison symphonique, du 14 au 17 juin 2017, dans le cadre des Francofolies de Montréal.

N'est-ce pas un peu contre nature, des collaborations entre un musicien formé au classique dans les conservatoires de Grenoble, de Lyon et de Montréal et des musiciens pop comme Pierre Lapointe, Vincent Legault ou encore Karl Gagnon (alias VioleTT Pi) ? Non, assure Jean-Willy Kunz. « J’ai étudié le jazz pendant cinq ans au Conservatoire de Lyon, précise-t-il. Et les différents projets auxquels je participe sont complémentaires. Ils nourrissent les différentes facettes du musicien que je suis. »

Un musicien qui dépoussière énergiquement l’image de religiosité et de lourdeur qui s’attache trop souvent à son instrument.

« J’ai la chance d’être l’organiste en résidence de l’un des seuls orgues au Canada qui n’est pas dans une église. Je ne subis pas le poids de la religion, ce qui me permet de participer à des projets extraordinaires. »

C’est ainsi que le 5 juillet, il entraînera le Grand orgue Pierre-Béique de la Maison symphonique sur les terres du jazz et du klezmer, en compagnie de quatre autres musiciens. « C’est un programme où l’orgue entre en dialogue avec des instruments mélodiques, comme la clarinette et le trombone, et les percussions », explique-t-il. Une trame d’orgue pour Fly Me to the Moon, de Frank Sinatra ? Oh oui !

Mais l’orgue est aussi un instrument résolument contemporain, comme s’attache à le montrer Jean-Willy Kunz. « Je reçois des compositeurs à la Maison symphonique, je leur montre les possibilités de l’orgue. Les œuvres qui en résultent font avancer l’histoire de la musique. » L’organiste interprétera d’ailleurs avec l’Orchestre symphonique de Montréal l’œuvre que le jeune compositeur d’origine montréalaise Samy Moussa a écrite pour l’inauguration du Grand orgue, en mai 2014. « C’est une œuvre accessible, toute en textures sonores, où l’orgue dialogue avec l’orchestre. Elle fait ressortir toute la palette de couleurs de l’orgue », affirme l’organiste.

« L’orgue est un instrument pour lequel des œuvres fantastiques ont été spécifiquement écrites au fil des siècles. C’est aussi un instrument polyvalent, ancré dans la vie d’aujourd’hui. J’ai la chance d’être un organiste qui a une belle tribune, et je veux me faire le porte-parole de la majorité silencieuse d’organistes qui souhaite donner une image moderne de l’orgue », conclut-il. Pari tenu!

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