Répétition / HOTEL, par Cirque Eloize
Crédit photo : Yannick Giguère
Crédit photo : Yannick Giguère
Philippe Couture - 15 juin 2018

Cirque Eloize : 25 ans de créativité circassienne

Déjà 25 ans pour le Cirque Éloize ! La compagnie a été l’une des premières à oser quitter le chapiteau au profit des salles de théâtre et a connu une ascension rapide sur les scènes internationales. À l’aube des représentations de la pièce Hotel à la Place des Arts, retour sur cette riche histoire.

 

C’est l’histoire d’un cirque à succès, plébiscité par les foules et reconnu par ses pairs. C’est une histoire artistique ancrée dans l’esprit madelinot, fomentée par un tout jeune Jeannot Painchaud aux Îles-de-la-Madeleine en 1993 et fondée par une troupe de sept artistes du coin. C’est une histoire d’innovation circassienne, grâce à l’invention de la roue Cyr par Daniel Cyr, collaborateur de la première heure du Cirque Éloize. C’est une histoire de réinvention des codes de la profession, d’abord par ce choix de sortir du chapiteau pour intégrer un vaste réseau mondial de diffusion théâtrale, puis par un désir constant d’imaginer de nouvelles formes narratives.

 

Éloize a changé le paysage circassien à l’échelle internationale. Son cofondateur et président, Jeannot Painchaud, n’en est pas peu fier. « Pour moi, c’était un rêve de petit garçon, dit-il. À partir du moment où j’ai fait de l’impro aux Îles, au Vieux Treuil, j’ai su que j’allais faire une carrière artistique et j’ai tout de suite voulu que ça me mène à voyager beaucoup. Puis, quand j’ai vu un spectacle du Cirque du Soleil en 1984, j’ai compris que le cirque allait être ma voie. »

 

Des débuts passionnants

Nous sommes donc au début des années 90. Par un improbable alignement des astres, sept jeunes gens, tous originaires des Îles-de-la-Madeleine, se retrouvent dans leur région après des études à l’École nationale de cirque. Sept circassiens du même âge, aussi doués les uns que les autres, sur un territoire si peu peuplé, voilà presque un miracle ! Ils ont le désir ardent de faire du cirque sur les lieux de leur enfance. Ainsi naît la première création du Cirque Éloize.

 

« Déjà, ce spectacle éponyme était créé pour être joué sur une scène frontale plutôt que sur la piste traditionnelle de cirque, explique Jeannot Painchaud. J’étais très inspiré par le renouveau du théâtre québécois des années 80, par le théâtre interdisciplinaire et imagé de Robert Lepage ou de Carbone 14. Je m’étais aussi régalé de Cabaret neiges noires, de Dominic Champagne et consorts. On voulait s’inscrire dans cette mouvance. »

 

«Quand j’ai vu un spectacle du Cirque du Soleil en 1984, j’ai compris que le cirque allait être ma voie.»

 

D’Excentricus à ID, une évolution constante

Dans l’histoire de la compagnie, le spectacle Excentricus (1997) est particulièrement marquant aux yeux de Jeannot Painchaud. Ce fut le premier spectacle à prendre le chemin d’une vraie grosse tournée internationale, et le premier à se construire sous le regard éclairé d’un metteur en scène, Michel Dallaire, qui a incité les artistes à « exprimer vraiment leurs personnalités ». Proche d’un spectacle clownesque, en ce sens qu’il exacerbait les psychés de chacun, Excentricus était aussi, selon Painchaud, « un vrai show de groupe, qui racontait l’esprit de communauté ».

 

Une nouvelle ère s’est ouverte quand Painchaud a choisi de collaborer avec l’artiste italien Daniele Finzi Pasca. Les spectacles Nomade et Rain, plus poétiques et plus narratifs, ont propulsé la compagnie au rang d’incontournable. Ce second spectacle est aujourd’hui considéré, à juste titre, comme un moment tournant dans l’histoire du cirque contemporain. « Un numéro de main à main qui fait pleurer les spectateurs par son haut niveau d’émotion et de nostalgie, c’était du jamais vu ! », se rappelle Jeannot Painchaud.

 

Une nouvelle énergie

En 2009, Éloize cherche à nouveau à se réinventer. Point de rupture : Jeannot Painchaud assure lui-même la mise en scène de ID, un spectacle mêlant acrobaties et danses urbaines. « On voulait revenir aux origines de la rue, analyse-t-il. Je trouvais que les points communs entre le monde du cirque et du b-boying étaient nombreux. Je suis très fier de cette création qui a propulsé Éloize dans une nouvelle ère festive, dans une série de spectacles plus éclatés, qui s’attardent à dépeindre des univers et qui font vivre une grande variété de personnages. C’est une exploration passionnante. »

 

Cirkopolis, présenté à la Place des Arts il y a 2 ans, et Hotel, dont la première mondiale aura lieu le 14 novembre au Théâtre Maisonneuve, sont tissés de cette énergie. L’homme de cirque a par ailleurs aujourd’hui le bonheur de travailler avec son cousin madelinot Éloi Painchaud, compositeur de la musique d’Hotel (et auparavant de celle de Saloon).

 

Compagnie de réputation internationale dont les spectacles parcourent le monde, Éloize est néanmoins resté fidèle à l’esprit des Îles-de-la-Madeleine, et continue de représenter une immense fierté québécoise. Bon anniversaire Éloize, et longue vie !

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